mardi, septembre 19, 2006

Camille For Ever 11/09/73

Un message d'un inconnu gravé sur un banc public : Camille For Ever 11/09/73. Un jeune de 17 ans, un pacifiste, vient tous les jours, inlassablement, dans le petit square ensoleillé du quartier regarder un vieux qui se contente de se dessécher en nourrissant les pigeons. Il ne ressemble à personne, à rien, c'est à dire à tout le monde; tout les jours il se contente de contempler fasciné la décrépitude du vieillard, là où on hurlait jadis notre folie enfantine. Dans la rue d'à côté la police tire à balles réelle sur la foule pour calmer les manifestants. L'enfance s'étale là sous nos yeux, arrogante et insouciante dans son éternité, jouant dans le bac a sable entre les crottes de chiens qui sèchent au soleil. Le jeune homme cache au fond de son coeur l'espoir désespéré, morbide et honteux d'assister à la mort du vieillard : simplement voir son corps tordu et usé tomber au milieu de la constellation de miettes de pain qu'il jette à ses oiseaux. Il lève les yeux et me demande anxieux combien de temps il lui reste. La lumière céleste de l'astre du jour ne fait pas disparaître cette petite angoisse mesquine et égoïste qui touche tout être humain au font de son âme. Quelque soit le décor, tout est opéra. Chacun joue son texte, sa partition au milieu du bruit et de la fureur, même si au final on oublie les seconds rôles, le rideau tombe de même pour tous.

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