samedi, septembre 30, 2006

Dans la nuit

C'est comme ça que je suis venu à elle. Dans la nuit. Céline, une américaine de 26 ans, née en Californie, une peau lisse sans défaut, des dents parfaites, un petit nez, des cheveux brillants comme dans les pubs l'Oréal. J'étais accro à sa sublime superficialité. Je n'avais besoin de rien d'autre, le superficiel c'est l'essence même de la beauté féminine. Mon regard fuit vers l'orient. Enfin je crois. Je trouve ça beau : vers l'orient. En réalité, je regarde les toits de la villes, mais vers l'orient ça sonne mieux. Sans bruit, j'ouvre les battants de la fenêtre, un courant d'air frais dégouline jusqu'à mes pieds. Le drap se froisse derrière moi. Dehors la nuit est calme, excepté un bruit discret et lointain d'autoroute. En bas, la rue est déserte, les voitures sont parfaitement alignées sous la lumière jaunâtre du réverbère. Près du caniveau, on devine les restes du passé pas totalement recouvertes par l'asphalte : quelques pavés foulés par des chevaux et des hommes morts bien avant ma naissance. Je prend le paquet de camels qui traîne sur le petit bureau éclairé par la lumière artificielle de la rue, grille une cigarette avec le briquet décoré d'une pin-up des années cinquante. Probablement décédée aujourd'hui. J'avale une fameuse gorgée de goudron. Je contemple l'ombre de la brosse à cheveux sur le rebord de la fenêtre, la fenêtre au cadre usé, au bois qui se désagrège, elle doit bien avoir un siècle cette fenêtre. Je ne pensais pas qu'à Paris on puisse trouver d'aussi vieilles choses authentiques, entre le béton et les tuiles. Un trouble s'agite au fond de moi. Une angoisse boueuse où je n'ai pas envie de patauger, une connerie genre nostalgie de l'enfance ou quelque chose comme ça. J'évite d'y penser. J'aurai aimé avoir un Destin style Ray Charles, avoir inventé la musique du vingtième siècle mais ce genre de truc grandiloquent ne résiste pas à l'usure du quotidien. En contemplant la masse jaunâtre et nocturne de la ville, je me dis que mourir à Hiroshima j'aurai aimé. Enfin, soyons précis, juste sous l'épicentre. Un flash, une milliseconde, sans questions existentielles de dernière minute, volatilisé tout simplement, réduit à l'état de poussière grise d'un magnifique nuage s'élevant dans la stratosphère et s'effondrant en champignon atomique; ou alors partir vers Mars, vers les colonies, « Nouvelles Frontières » jusqu'à – 40 % de réduction le vol Kourou/mont Olympe. J'aspire une nouvelle bouffée de goudron pulvérisé, plus profonde celle là, plus agréable aussi, mélangée à la fraîcheur de l'air. La vie continue. La mutation permanente de la molécule d'A.D.N., dont je ne suis que le réceptacle, percutée par les radiations se poursuit, imperceptiblement. Derrière moi, Céline bouge un peu dérangée par la fraîcheur de l'air, je jette ma clope par la fenêtre. Je me glisse entre les draps froids, je ne veux pas du contact de son corps, je ne veux pas de sa chaleur. j'aimerai être seul.

samedi, septembre 23, 2006

Au Roi des morts

J'avais réservé une table au prestigieux « Roi des morts » le restaurant le plus tendance de la ville. J'ai commandé un succulent foie de G.I.'s aux oignons confits, bien tendre, bien saignant, 20 ans à peine, de première fraîcheur, tombé le matin même à Bagdad. Elle a pris des testicules de djihadiste à la mode Al Zarkaoui, dans leur jus. En machonnant un bout caoutchouteux d'extrémiste elle me parle de ses problèmes siliconés, de ses six ans d'analyse, de son psychanalyste/gourou clone de Karl Marx croisé avec le Père Noël. Je l'écoute d'une oreille distraite, acquiesçant aux moments opportuns. Pour séduire une femme il suffit de satisfaire son petit Moi, l'ego est la première zone érogène chez la femme. Elle me parle de son mari tueur en série professionnel diplômé de la prestigieuse école Charles Manson, spécialisé en infanticide, en éventration de femmes enceintes, passionné par son job, qui ne prend plus le temps de la faire jouir par tous les orifices. Plus tard, au bureau elle me lèche l'anus en me caressant les bourses du bout des doigts, juste assez pour voir la peau se rétracter. Après avoir évalué la grande maîtrise de ses compétences je décide de la prendre comme assistante.

mardi, septembre 19, 2006

Camille For Ever 11/09/73

Un message d'un inconnu gravé sur un banc public : Camille For Ever 11/09/73. Un jeune de 17 ans, un pacifiste, vient tous les jours, inlassablement, dans le petit square ensoleillé du quartier regarder un vieux qui se contente de se dessécher en nourrissant les pigeons. Il ne ressemble à personne, à rien, c'est à dire à tout le monde; tout les jours il se contente de contempler fasciné la décrépitude du vieillard, là où on hurlait jadis notre folie enfantine. Dans la rue d'à côté la police tire à balles réelle sur la foule pour calmer les manifestants. L'enfance s'étale là sous nos yeux, arrogante et insouciante dans son éternité, jouant dans le bac a sable entre les crottes de chiens qui sèchent au soleil. Le jeune homme cache au fond de son coeur l'espoir désespéré, morbide et honteux d'assister à la mort du vieillard : simplement voir son corps tordu et usé tomber au milieu de la constellation de miettes de pain qu'il jette à ses oiseaux. Il lève les yeux et me demande anxieux combien de temps il lui reste. La lumière céleste de l'astre du jour ne fait pas disparaître cette petite angoisse mesquine et égoïste qui touche tout être humain au font de son âme. Quelque soit le décor, tout est opéra. Chacun joue son texte, sa partition au milieu du bruit et de la fureur, même si au final on oublie les seconds rôles, le rideau tombe de même pour tous.

dimanche, septembre 17, 2006

Je rase les murs

Des histoires de fantômes punk authentiquement nazes puants et merdiques
battant le rappel sortent de la partie la plus moisie de mon cerveau.
Des histoires de fantômes punk authentiquement nazes puants et merdiques
battant le rappel sortent de la partie la plus moisie de mon cerveau.
J'emmerde les punks. J'aimerai en attraper un, dans une ruelle, l'assommer et lui chier dans la gueule. Je le regarderai se réveiller et dégobiller ma merde. Je rigolerai ! Ensuite je partirai en courant parce que je suis lâche. Voir très lâche. Je rase les murs crasseux et taggés, je baisse les yeux pour ne pas croiser le regard des autres. Les autres, les morts vivants, font pareil. Enfin je sais pas puisque je regarde le sol. Je vois surtout des chaussures qui piétinent le trottoir et j'entends les échos de ces battoirs sur le macadam comme le rythme d'une musique destructurée d'artiste ultra contemporain qui ne signifie rien et que personne n'écoute et qui ne finira même pas oublié puisque personne ne le connaît ! Y a aussi les pieds dégueulasses et puants des mendiants qui m'empêchent de raser les murs. Pour me venger je fais semblant de trébucher sur leur sébiles, leur vielles boite de conserve pourrie remplie de monnaie, en réalité je shoote dedans ou alors des fois je marche sur la queue ou la patte de leurs chiens à peine plus galeux qu'eux et quand il couine de douleur je m'éloigne, j'accélère le pas, en rentrant la tête dans mon imper et en ricanant. La foule des autres, des morts vivants, finira par me dévorer si je baisse ma garde donc je rase les murs suintant de merde et de pisse, en regardant le trottoir dégueulasse et puant.