jeudi, novembre 01, 2007

Enterrement

Ma mère me dit de me dépêcher, de mettre ma cravate et de m'attacher les cheveux on dirait un plouc. Je pense à mon devoir de math, à Sophie.

Dans la chambre funéraire la moquette épaisse de couleur pourpre absorbe les bruits de pas. Un vasistas éclaire faiblement le visage du corps allongé sur un lit recouvert de velours noir. Le costume parait mal ajusté et un peu grand, malgré les traits osseux le visage semble bouffi. Quelques personnes silencieuses sont là, debout près du mur ou assises sur des chaises en plastique vert sombre. A chaque nouveau visiteur qui arrive il y a le même bonjour discret à peine murmuré. Comme dans une salle d'attente. Les gens regardent d'un oeil distrait le corps ou regardent les murs. Une croix discrète est suspendue sur la tapisserie mauve et, sur une petite table, une petite lampe de chevet assortie à la tapisserie éclaire un gros bouquin noir avec des lettres dorées dessus. Il y a une zone autour du lit, où personne ne pénètre, délimitée par la lumière du ventail. Les chaussures du corps sont neuves, elles brillent, je me demande qui les a cirées, si c'est le personnel des pompes funèbres. Elle entre dans la pièce, sa petite fille l'aide à marcher; elle se dandine un peu, comme exténuée par une longue marche sous le soleil. Elle pénètre dans le cercle de lumière, sa petite fille lui lâche le bras et reste en retrait, elle saisit la tête avec douceur et embrasse le sommet du crâne en sanglotant et en disant mon fils... mon fils... Les autres se regardent hébétés. Elle continue à sangloter... mon fils... mon fils... Et les gens bougent un peu nerveusement dans l'ombre de la pièce et elle dans lumière dit qu'est qu'ils t'ont fait, en caressant le visage. Et les autres en dehors du cercle de lumière semblent se tasser un peu plus sur leurs chaises ou contre les murs, mal à l'aise. Je sors par la porte de service pour prendre l'air.

Dehors une odeur chimique un mélange de poisson pourri et de chlore flotte dans l'air . Les maisons en brique rouge sales, au rideaux ternes barrent la vue. Une voiture passe dans un bruit grondant d'aspiration. Un peu plus loin on devine la berge bétonnée du canal et les cheminées d'usines qui crachent leurs fumées brunâtres et lourdes. J'entends une voix dire : Fume c'est du belge ! Un rire éclate, gras et plein de mollards. Deux employés des pompes funèbres sont là à tirer sur des roulées. Ils ne m'ont pas entendu sortir.

- Ils ont dû bourrer les joues avec du coton... Même pour le costume ils ont dû bourrer pour pas que ça flotte...

Je ferme la porte derrière moi. Les types se taisent et je demande s'ils n'ont pas une cigarette. Tout en roulant ma clope, je pense aux gros seins de Sophie.

« Je vais vous préparer une place. Et quand je serait allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi vous soyez. Et du lieu où je vais, vous savez le chemin . » Thomas lui dit : « seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin ? » Jésus lui dit: « moi je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne vient au père sinon par moi. ». Le curé écarte un peu le micro, éponge la sueur de son crâne bombé et violacé, ajuste ses lunettes et fait signe silencieusement à un assistant posté dans un coin; l'assistant se tourne vers une chaîne hifi bon marché, une mélodie jouée au piano envahie l'église; la croix derrière l'autel parait lointaine, le corps du christ est gris avec une tache rouge sur le flan droit, sa tête semble écrasée sur son torse, on ne voit pas son visage; When you're weary, feeling small When tears are in your eyes, le curé asperge le cercueil d'eau bénite et des reniflements se font entendre; I will dry them all, des gens commencent à faire la queue pour asperger le cercueil certain en essayant de se souvenir des gestes du curé, d'autres en le faisant avec plus d'assurance, Like a bridge over troubled water I will lay me down, d'autres le font avec une certaine grâce dans le geste, d'autres encore passent juste devant le cercueil avec les yeux mouillés, When evening falls so hard I will comfort you Une dame touche un coin du cercueil, certains s'arrêtent avec un air grave. Un petit nombre sont restés assis sur leurs chaises, un de ceux-là se tient la tête entre les mains, quelqu'un vient poser une main sur son épaule. I'll take your part When darkness comes And pain is all around. Certains sortent de l'église sans passer par le cercueil, la tête basse ou le regard dans le vide. Sur le parvis la petite foule reste amassée autour des marches et ça renifle, et des larmes coulent des yeux rougis sur les joues noircies de traînées de mascara. Et un gamin regardent ses parents et il ne comprend pas leurs regards tristes et vagues et un autre lui dit viens on va jouer, un autre encore se cure le nez en regardant un chien pisser sur la jante d'une voiture. Et le frère sert la soeur qui s'effondre dans ses bras et les fiancés se tiennent l'un l'autre et le mari, le regard grave, soutient son épouse qui a enlevé ses lunettes à cause de la buée et la vieille lève les bras vers le ciel en criant Jesus, Marie ! Et le vieux commence à descendre les marches en s'appuyant sur sa canne et en tenant son chapeau parce qu'à son âge il faut prendre de l'avance et monter dans la voiture avant les autres pour ne pas faire perdre de temps. J'ai la tête qui tourne un peu et les jambes qui flageolent, comme je n'ai pas mangé ce matin, ce doit être la faim.

Au crématorium, il y a la même moquette silencieuse qu'à la chambre funéraire. Elle entre dans la salle. Des personnes la soutiennent, elle a du mal à marcher. Elle se précipite vers le cercueil en disant mon fils ! Mon fils. Elle touche un peu le bois vernis en sanglotant et deux personnes la ramène vers les chaises. Un employé des pompes funèbres, dont la voix apaisante contraste avec son apparence insipide et son front proéminent, dit deux trois mots. Je crois qu'il invite les personnes à se recueillir mais j'ai mal entendu et je baisse la tête avec un temps de retard. Quand le type recommence à faire du bruit tout le monde la relève. Il ouvre un petit boîtier dissimulé dans le mur, caché derrière une plante verte et appuie sur un bouton : les tentures derrière le cercueil s'écartent et des panneaux coulissent. Le cercueil avance doucement sur un tapie roulant, un tapie comme ceux des caisses des grandes surfaces et disparaît dans la bouche noire puis les panneaux se referment derrière lui et les tenture retombent. Le type appuie sur un autre bouton et on entend comme un bruit de digestion mécanique. Un bruit d'ascenseur je crois. Je pense aux gros seins de Sophie.

A la maison tout le monde mange des Sandwichs. Ca sent le pâté et le pastis. Une odeur de vinaigre sort des bocaux de cornichons et des canettes de bières vides remplissent la table. Les gens fumes, même des gens que je n'avais jamais vu fumer avant fument. Il y a la famille qui habite de l'autre côté du pays qui est là aussi et on dit qu'est ce qu'il a grandit et on sourit même si la personne qui le dit ne vous évoque pas grand chose. Les jeunes sont assemblés dans la véranda. Ca va de douze à vingt ans environs. Les plus petits tournent autour du cabanon au fond du jardin en hurlant et en rigolant, et malgré les recommandations de leurs mères ils ont déjà les genoux noirs de terre. Les jeunes parlent d'un film que je n'ai pas vu, une histoire de tueur en série avec un mec canon pour les filles et un ça déchire sa race il le bute à la fin pour les garçons. Dans le jardin l'air est frai, comme toutes ces après-midis de début de printemps quand le soleil vous chauffe juste ce qu'il faut et que chaque respirations vous donne l'impression d'inspirer de la glace. Je sors une clope. Tiens tu fumes toi ? Ouais, j'ai pas le droit de fumer une clope ? On dit un clope. Moi je dis une clope. Je reconnais vaguement la voix sans pour autant mettre un visage sur celui qui l'a prononcé. La voix était suffisamment neutre pour que je n'y fasse pas vraiment attention. Je pense à ce putain de devoir de math. Je pense aux gros seins de Sophie. Sophie la chieuse. Au lycée, Charles dit : putain tu bosses avec Sophie ! Elle est bonne, elle a de ces nibards; j'aimerai lui foutre ma queue entre sa belle paire ! Et Romuald dont le père est psy quelque chose nous sort toujours une phrase dite sur un ton très sérieux du genre vous tripez sur les gros seins les gars parce que ça vous rassure c'est l'image de la mère. Vous voulez les sucer parce que ça évoque le lait maternelle, j'ai lu ça dans les bouquins de mon père. Y en a un qui répond, probablement Charles : parce que tu crois que j'ai envie de mettre ma queue entre les seins de ma mère toi ? Tout le monde explose de rire. Romuald c'est le gars qui parait toujours sérieux même quand il tire sur le joint. D'ailleurs je pense qu'il entre dans ses grands discours pour nous hypnotiser et garder la tige un peu plus longtemps... En général la phrase code du groupe pour lui rappeler de faire tourner c'est tu stagnes... Hé ! Tu Stagnes Romu fais tourner... Ca fait parti des codes. Après on a la tête dans le brouillard et les cours de philo ou les cours d'histoire passent mieux sauf quand vous pensez que le prof va vous interroger et que vous finissez par psychoter le reste de l'heure. On va s'enfumer dans le bois depuis que le coin fumeur a été suspendu. La plupart des mecs l'appellent le baisodrome en se poussant du coude et en ricanant. Une fois j'y ai emmené Isabelle. Elle voulait pas, elle avait peur de se faire choper par un surveillant. Je lui ai dis que non c'est bon ça va, t'inquiètes... On devait faire attention pour ne pas marcher dans la boue. J'ai quand même pu voir un bout de ses seins et jouer avec un de ses tétons foncés et je pense aux tétons de Sophie et je me dis qu'ils doivent être roses d'un beau rose presque aussi claire que le reste de sa peau. J'essaye de prendre la main d'Isabelle et de la diriger vers mon entrejambe mais elle dit qu'elle a froid et qu'il va falloir y aller en reboutonnant sa chemise. On retourne vers les préfabriqués pourrissant où se trouvent les salles informatiques et je pense à Sophie qui va me prendre la tête pendant deux heures. Elle me demande comment ça se passe avec Sophie, elle doit être jalouse. Ben elle me casse les couilles comme d'hab'... T'es obligé d'être vulgaire quand tu parles ? Je regarde son visage un peu grossier, malgré ses grands yeux pales et sublimes, se figer sur une expression d'agacement qui lui donne une tête de lapin pris dans les phares d'une voiture. Elle me demande si je passerai les vacances avec elle à la campagne de ses parents mais je dis que j'ai trouvé un job et que ce sera pas possible. Elle dit toujours « à la campagne de mes parents », je me demande pourquoi elle dit toujours « à la campagne de mes parents » et pas à la maison de campagne de mes parents. Elle fait sa moue de rongeur triste et me tend l'écouteur de son discman et j'entends : Satanée pleine lune rousse triangle des Bermudes... Et je pense à Manu qui doit me rendre Nevermind et elle me demande à quoi je pense et je lui dis que Manu doit me rendre mon album de Nirvana et elle me dit OK et elle me demande c'est quoi comme job ? Un truc dans le bâtiments, poser des câbles. Elle me dit OK en faisant encore sa tête de rongeur et je pense aux seins de Sophie qui pointent sous son pull à col roulé rose. On s'embrasse furtivement et elle se dirige ver le bâtiment des classes littéraires et moi vers les préfabriqués.

Un gamin me demande pourquoi j'ai pas pleuré à l'église. Je luis dis que c'est pour faire parler les petits cons. Il se gratte les aisselles en sautillant sur place, fait une grimace genre tête de macaque et s'enfuie en rigolant.

Au cimetière, il y a le ciel gris, l'usine de fabrique du ciment grise aussi.. Je pense à un documentaire sur la Pologne qu'on nous avait passé en cours d'histoire, ça parlait de grèves je crois, c'était ce gris là et le même genre de bâtiments qui tombent en ruine. Il y a les gros cailloux rouges qui recouvrent les allées et qui font un joli bruit discret quand on marche. Il y a le drapeau du cimetière des anciens combattants et ses beaux claquements que personne ne remarque. Il y a la procession irrégulière des gens qui marchent un peu en zigzaguant sous le poids de la fatigue de fin de journée. Derrières les troènes, on devine les pierres tombales des militaires toutes blanches. Des fleurs en plastique aux couleurs sales sont visibles ici et là. Et le beau corbillard noir brillant avec de jolis chromes, un joli van comme dans les séries américaines, est garé devant le Columbarium. Un employé des pompes funèbres dit à quelqu'un de la famille que la cavité sera scellée demain quand ils auront vissé le porte-photo. Quelqu'un porte l'urne. Quelqu'un d'autre touche et dit c'est encore chaud. (Romuald m'a dit une fois que ce n'était pas les cendres de la personne proprement dite que l'on mettait dans l'urne mais un mélange des cendres des cadavres récupérées au fond du four crématoire, il appelait ça le « collectivisme post mortem »). Les gens attendent, reniflant, faisant crisser les cailloux, les yeux dirigés vers nulle part, les visages rougis par le froid et l'alcool. Quelqu'un porte l'urne et la place dans la cavité. Quelqu'un d'autre dit : c'est une belle urne. Et le drapeau claque dans le vent au dessus des belles tombes blanches parfaitement alignées.

Je regarde le plafond de ma chambre. Je pense aux gros nichons de Sophie, allongé sur mon lit, en me touchant un peu le sexe sans conviction à cause du froid. Je pense à mon putain de devoir de math et à Sophie qui va me prendre la tête parce que j'ai rien glandé. Les voisins parlent un peu fort. J'entends un grand éclat de rire. Je regarde le plafond et je m'imagine marcher la tête à l'envers comme quand j'étais gamin. Puis je me dis que ça ne doit pas être pratique de marcher et d'avoir le sang qui monte à la tête. Et je regarde les lampes briller et les couleurs scintillantes qui restent imprimées dans mon champ de vision se mélangent au bleu pastel du plafond et je pense aux gros seins de Sophie à ses gros tétons roses.

Souvent je rêve que je porte le cadavre de mon père sur mes épaules. Je le tire par un bras. Son corps est en train de pourrir et je dois me dépêcher de trouver un lieu décent pour l'enterrer. Les gens que je croisent m'ignorent ou détournent la tête. Je suis de plus en plus fatigué par le poids du corps. Le trottoir parfaitement lisse et goudronné laisse place peu à peu à un paysage de tourbière. Mes pieds s'enfoncent dans le sol. Le bras de mon père glisse comme une anguille sous l'effet accéléré de la putréfaction. Je sens la chair glisser sous mes doigts... je m'enfonce jusqu'à la taille. J'entends quelque chose bouger derrière moi. L'angoisse me sert la gorge et ma tête sort à peine de la surface bourbeuse. La main putréfiée m'enfonce la tête sous l'eau. J'essaye de me dégager mais la prise est trop forte, je vois vaguement le ciel gris à travers la surface opaque et une ombre informe et terrifiante. J'entends le bruit de mes bras faisant gicler l'eau assourdit par le liquide envahissant mes oreilles. Je ne peux plus retenir ma respiration et l'eau glaciale chargée de terre pénètre dans mes poumons Ma poitrine est secouée par des explosions de douleurs de plus en plus intenses. Et l'ombre finit par tout recouvrir.


vendredi, septembre 21, 2007

Agence Nationale Pour L'Esclavagisme

J'ai rendez -vous à l'A.N.P.E., Le bâtiment est un grand cube de verre un peu plus grand que les autres alignés de part et d'autre de la rue, un bloc transparent où les gens bougent comme des fourmis dans un terrarium.


-Vous n'avez jamais travaillé ?

- J'ai fais un stage dans une usine de recyclage. J'étais au désossage.

- Si je regarde votre dossier vous êtes né le trois septembre 1978 ce qui vous fait 158 ans. Il y a une aberration dans votre dossier, vous êtes trop vieux. Aujourd'hui on recycle les hommes à 52 ans, les femmes à 45 ans, age légale de la ménopause, Si l'on excepte, bien entendu, les fonctionnaires qui ont le droit de vivre jusqu'à 60 ans. Comme vous le savez, les durées de vie sont décidées par le Conseil Supérieur de l'Ordre de l'Ethique Médicale. Il y a probablement une erreur (bien que le système informatique administratif global ne puisse logiquement pas en faire). Un sourire se forme sur son visage. Ou plutôt une imitation de sourire. Un simulacre. En réalité son expression est lisse et figé et il essaye de la rendre expressive. Les aberrations des données du système ne sont dues qu'à des erreurs humaines. Nous allons régler ce petit problème. Il continue à feuilleter le dossier. Vous avez fais un séjour de repos en maison de rétablissement psychiatrique. Son expression se fige. Peut être qu'il réfléchit. Il ne me regarde pas. Depuis le début de l'entretient, il ne m'a jamais regardé. Vous vous disiez né au XXe siècle. Vous souffriez de dissociations multiples du Moi.

- Je... Je faisais des rêves étranges, oui. Je...

-ha ! Je comprends mieux ! Il s'agit probablement d'une erreur du Bureau national de l'ordre des psychiatres ! Ils ont toujours eu un problème de coordinations des données informatives avec leurs systèmes cognitifs...

- il pousse un cri étrange, plutôt un souffle sec et rugueux, comme si son corps expulsait un corps étranger. Je crois qu'il vient de rire. Il essayait de faire de l'humour. Il continue de feuilleter le dossier. Je pose une question pour meubler : Je ne pourrais jamais devenir fonctionnaire ?

- Hum... Vous savez bien que non. Tout d'abords vous ne savez pas lire (normal puisque l'on apprend à lire et à écrire à l'institut de Formation des Fonctionnaires) et puis au moins l'un de vos deux parents, ou alors deux de vos grands parents doivent être fonctionnaire, autrement vous ne pourriez pas accéder aux formations adéquates. Les dérogations pour les esclaves/conjoints de fonctionnaires ne sont plus possible depuis dix ans. Vos parents ont travaillé à l'équarrissage. Ils étaient donc esclave de catégorie 1. Vu leur aptitudes au travail et leurs bonnes notations, vous avez pu bénéficier d'un stage vous permettant d'accéder à la catégorie 2. vous demandez un reclassement. Au vu de vos aptitudes nous pouvons vous proposer un poste d'esclave sexuel... Si l'on en croit votre dossier médical... Les mensurations de votre pénis sont de 21, 32 cm pour une largeur de 6,1cm. Ce qui correspond aux normes européennes pour cet emploi. Vous n'avez jamais eu de fistules ou de polypes anaux, pas d'hémorroïdes non plus. Pas de problème d'éjaculation précoce. Je pense que vous convenez parfaitement à l'emploi. Un couple de haut-fonctionnaire doit remplacer leur esclave qui est mort d'une électrocution... Enfin passons. Vous convenez à l'emploi. Il continue de feuilleter le dossier, mesure les douze photos réglementaires qu'il faut fournir. Mmhmm la photo numéro 4 est trop grande de 4 millimètres. Je le regarde mesurer la photo une seconde fois. Vous avez cinq jours pour procéder aux corrections au delà le poste sera donné à quelqu'un d'autre.


Je me lève et sors du bureau.


L'enseigne brille en grande lettres rouge coagulé Aucamp : la vie la vraie. Les portes automatiques s'ouvrent au moment où j'entre dans la grande surface. Une odeur de propreté citronnée flotte dans l'air. Un grand type, lunettes noires, costard bleu foncé sonde la foule prêt à neutraliser le moindre délinquant à l'aide de son Taser bioélectrique. Sous le plafond parcouru d'un entrelac orthogonal de tuyaux, la lumière des néons, attire mon regard, je vois des panneaux jaunes affichant des promotions, des -20 % sur le poulet garantie 50 % naturel 100 % tradition, jambon reconstitué goût traiteur, feuilleté tomates/mozzarella avec seulement 10 % de toxines cancérigènes, des baskets mauves fluos avec injecteur d'hormones naturelles intégré dans la semelle pour tenir plus loin, plus longtemps, promotion également sur les greffes cérébrales de consoles bionumériques garanties trois mois sans épilepsie, Crème hydratante au complexe régénérant à l'extrait de derme de foetus recyclés, maquillage 100 % naturel au véritable placenta de baleines d'élevage. Bougies de jardin bioéquitable a la graisse de Yack rance fabriqué équitablement par d'authentiques enfants pauvres, chaises de jardin au label écoterre et jouets de jardin en simili bois véritable de poudre d'os inusable garantie naturel, incassable...

J'arrive au rayon sex shop interdit aux mineurs de moins de 13 ans. Une gamine et sa mère se tiennent devant la vitrine où un chien robotisé joue. La gamine demande s'il elle peut en avoir un pour son Noël, la mère lui répond qu'elle doit attendre encore un an, que ce jouet est interdit aux mineurs, la gamine dit qu'elle est une femme. A douze ans on est pas tout à fait une femme ma puce... Le chien saute dans la vitrine puis lèche son sexe rouge et luisant puis ses couilles ensuite il saute sur un fessier artificiel avec anus et vagin et commence un coït effréné. Au dessus le panneau vert brillant de la marque doggystyle illumine la vitrine d'une lueur spectrale de film de série B. Un petit écran montre une femme faisant une démonstration. La video précise qu'un flacon de sperme artificiel est fournis avec le robot doggy. La gamine et la femme s'éloignent. La gamine jette un dernier regard brillant à la vitrine. Je passe entre les détecteurs de vol. Je bloque un instant sur une vidéo de fétichisme automobile, un type met du lubrifiant sur sa queue énorme et commence à fourrer le pot d'échappement chromé d'une superbe ferrari, la camera fait un gros plan sur le lubrifiant qui s'accumule autour de la base du pot au fur et a mesure que le type s'active... Un renseignement ? A la tonalité de la voix je devine un sourire. Un sourire complice. Je n'aime pas ça. Je me retourne et vois le vendeur juste à côté de moi, je me demande depuis combien de temps il m'observe. Il est habillé comme un fonctionnaire de l'administration générale. Sans goût. Je crois qu'il met du fond de teint car sa peau a un aspect peu naturel, comme du latex un peu granuleux. Il rougit. Il a remarqué que je le dévisage. Un pédé probablement. Vous voul... Je cherche votre dernier modèle d'androïde femelle, le modèle Courtney. Pour les femelles nous ne disons pas Androïde mais gynoïde monsieur. Androïde c'est pour les mâles. Je crois qu'il m'a fait un clin d'oeil. Il veut peut être me faire passez un message. Vous ne cherchez pas un modèle masculin alors ? Je sens la sueur perler sur mon front, et la fraîcheur de la clim non je... Vous voulez que je vous présente le modèle Courtney standard peut être ? Oui. Suivez moi je vous en pris. Je le suit, il s'approche d'un rideau, je trouve qu'il dandine trop du cul. Je vous en pris. il tient le rideau et m'invite à passer. Dans la pièce, il y a une boite posée contre le mur du fond qui me fait penser à un cercueil. La pièce est calme, des tentures en velours cachent les murs. Une moquette absorbe les bruits de nos pas. Le type va ouvrir la boite, à l'intérieur une jeune fille blonde semble dormir dans un cocon de velours mauves. Je peux ? Je vous en pris. Je touche son visage. Mais elle est glaciale ? C'est parce qu'elle est hors service monsieur. Lorsqu'elle est activée un système de régulation thermique maintient son corps à trente sept degrés. L'imitation de la peau est parfaite.. L'élasticité, il lui tire la joue, est remarquable. La tête bouge mais retrouve aussitôt sa position inerte. Je regarde sa toison taillée, ses petits seins. Tout semble vrai. Je passe un doigt sur ses poils. Toute la pilosité est naturelle monsieur tout comme les cheveux. Le reste... La salive.. Les sécrétions... (je trouve qu'il traîne un peu trop sur ce mot) sont imitées à la perfection. Ce modèle vous est livré avec le programme de base : grosse cochonne en chaleur. Mais nous proposons différents add-on pour varier les plaisirs : soubrette bien dressée (elle peut faire le ménage, la vaisselle et autres taches ménagères), l'add-on dilatations extrêmes... et bien d'autres que vous pouvez acheter ici ou commander sur le réseau. On m'a dit que je pouvais choisir l'apparence du modèle ? Oui bien sur nous procédons à des moulages laser précis au nanomètre. Je sors les photos de ma poche et je lui tends. Charmante... Une amie ?

Peu importe.

Il me propose ensuite de choisir le modèle de vagin, je choisis le modèle tight pussy puis nous retournons dans le magasin, il me propose de régler, j'ai oublié de vous préciser mais nos modèles sont tous auto nettoyant aucun problème d'odeurs... de plus ils sont antibacterien. Je pose le doigt sur l'appareil à reconnaissance digital qui contrôle le schéma du système vasculaire de mon index. Une petite lumière verte clignote et je tape le prix que je dois régler sur le petit clavier. Le vendeur contrôle la somme. Voilà monsieur vous serez livré dans la semaine. Je lui dis au revoir. A votre service monsieur ! Je n'aime pas son sourire complice. Je sors de l'espace clos du rayon pour rejoindre la masse bruyante des consommateurs.


J'entends le bruit sec de ses talons sur le simili-parquet, je la vois émerger de l'encadrement de la porte. Elle ne porte que des bas noirs, elle tient dans sa main droite le tube de biogel que je lui ai demandé d'apporter. Je regarde la bande étroite et évasée de sa toison pubienne. Je sens le sang battre dans ma queue. Elle se positionne de profil devant la cheminée en carrelage blanc brillant, sa tête arrive au niveau de la surface grise de l'écran géant ultraslim. Elle fait passer le tube de biogel dans sa main gauche. Elle me regarde dans les yeux. Ma queue se dresse un peu. Elle pivote sur elle-même, je regarde ses fesses bien rondes et ses hanches bien larges. Elle s'avance vers la cheminée, elle pose sa main droite sur le manteau, elle dandine un peu du cul. Elle tourne ses grands yeux bleux vers moi et pose les deux coudes sur le béton design fibré ultra haute performance, le cul tourné dans ma direction. Elle me regarde, bouge doucement son cul de droite à gauche, se relève, garde une main sur le béton design fibré ultra haute performance du manteau de la cheminée, me regarde d'un air lascif. Je regarde la courbe de ses gros seins qui pointent légèrement. Elle me regarde. Je regarde la courbe de son ventre, le piercing scintillant de son nombril. Elle me regarde, s'avance dans ma direction. Je sens le rythme de mon coeur accélérer. J'entends le bruit sec de ses talons sur le parquet. Je regarde ses hanches, je regarde ses seins. Je voix ses cheveux blonds sur ses épaules, ses yeux bleus. Elle s'agenouille sur le divan en face de mes jambes largement écartées, elle se saisit de ma queue. Je sens la froideur du biogel se répandre le long de ma queue et se réchauffer au contact de la chair. Elle étale le biogel le long de ma queue, s'arrête sur mon gland, elle fait un mouvement de va et viens en comprimant la base du gland. Elle laisse échapper un souffle bruyant entre ses lèvres, elle continue son mouvement de va et viens en accélérant un peu et en comprimant un peu plus le gland gonlfé, je sens sa main se saisir d'une de mes couilles, une légère sensation de douleur accentue le plaisir et contracte un peu plus ma queue. Elle pose sa main su ma cuisse, elle accentue le va et viens en partant de la base et en comprimant sa paume quand elle arrive au sommet, je joue avec mon bassin pour que sa paume appuie bien sur mon gland. Elle soupire un peu accélère le mouvement de sa main en relâchant un peu la pression. J'attrape un de ses seins, je sens son corps frissonner. Je le soupèse un peu, regarde l'ondulation de sa surface, le caresse doucement, puis le comprime. Je joue avec ses deux seins, je les fais rebondir l'un contre l'autre. Elle soupire encore et accélère toujours son mouvement, je contracte ma queue sous l'excitation. Je me lève, j'ai la queue à la hauteur de ses gros seins. J'ai envie de les souiller mais je serre les dents et je tiens un peu sa mains pour qu'elle ralentisse. Elle se met debout, je me met à genoux. J'ai la tête à la hauteur de sa chatte rose, bien charnue, déjà dilatée, je sens ma queue qui durcie encore un peu à la limite de la douleur. je passe une main sur le petit triangle inversé de poils qui pointe comme une flèche vers son clitoris. Je sens la chaleur de son sexe sur mon visage. Je joue avec son clitoris du bout de ma langue, elle bouge doucement le bassin soupire entre ses dents, je passe mes mains entre ses cuisse, lu attrape les fesses et lui bouffe la vulve au moment où elle jouit. J'introduis ma langue au font de son sexe pendant qu'elle triture son clitoris entre son majeur et son index. J'ai envie de la défoncer. Je la soulève sur le divan, la pénètre doucement, j'entends le bruit mouillé de son sexe, au moment ou ma queue glisse doucement entre ses lèvres épaisses. Je pousse ma queue, mon gland est comprimé au fond, je laisse échappé un soupir, ma queue se tend sous l'excitation, elle pousse aussi un soupir, je l'attrape par les cuisses, elle pousse un soupir, je continue doucement. J'accélère le mouvement, elle serre les dents, je sens qu'elle se contracte un peu. J'accélère un peu jusqu'à ce que je tape au fond, elle fronce les sourcilles passe une main sur son clitoris, je sens son bassin onduler mais je serre un peu plus mon étreinte. Je tape au fond, elle serre les dents comme si elle avait mal, j'ai envie d'attaquer encore plus fort, je lâche une de ses jambe, je presse un de ses gros seins entre ma main, le plus fort possible, je regarde mais il n'y a pas de marque rouge ( je devrais acheter l'add-on blood and pain). Elle prend ma main me suce mon doigt, je tremble un peu, ma queue se contracte. Je regarde ses grand yeux bleus, j'ai envie de lui coller une baffe du revers de la mains pour voir sa réaction. Je sors ma queue, presse mon gland sur son clitoris, elle bascule la tête en arrière je la caresse un peu comme ça (j'ai presque l'impression qu'elle prend son pied). Je la retourne elle s'agenouille sur le divan et tends ses fesses bien rondes vers ma queue. Je luis met un doigt dans la bouche puis le dirige vers son trou du cul légèrement foncé. Il glisse facilement même si je sens son sphincter se contracter sur mon index. Je m'amuse avec mon doigt en le tournant un peu dans la chaleur douce de son rectum, Je le sors et le dirige vers sa bouche, elle le suce avidement. Je frotte ma queue sur ses lèvres de haut en bas, je m'enfonce à font, je l'attrape par les hanche et la secoue sur ma queue tout en donnant des coups bien profond, elle suffoque bascule la tête en arrière, pousse des cris bizarre peut être de douleur presque comme une guenon. Elle me repousse en me bloquant la hanche d'une main pour que je contrôle un peu l'ampleur de mes mouvements. Je sens son sexe qui se contracte sur ma queue je rejette sa main puis j'attrape ses bras que je tords dans son dos pour qu'elle arrête de me repousser; elle a la tête dans les coussins, ses lèvres écrasée sur le cuir et ses yeux mis clos lui font une moue ridicule, elle continue de pousser ses cris stupides, un filet de bave coule sur le cuir du coussin. Elle avance son bassin pour atténuer mes coups de reins violents mais je m'avance et et la cale bien de telle manière qu'elle ne puisse pas bouger. Mes couilles se contracte et je sens la pression de l'orgasme qui se rapproche. Je la retourne, l'attrape par les cheveux et lui fourre ma queue dans la bouche. Les mâchoires bien écartée elle gobe mon gland qu'elle suce mollement, la légère succion, m'excite un peu plus encore mais c'est pas assez, j'attrape sa tête avec les deux mains et j'enfonce ma queue bien profond , je fais des mouvement large, elle me suce, j'ai l'impression que je vais exploser dans sa bouche, ma queue se tend, presque douloureuse, je la cale bien au fond de sa gorge, elle a un haut le coeur, je sens mon gland s'écraser sur la chaleur moite de son gosier, je vois ses yeux se révulser, ma queue se contracte plusieurs fois, je sens le sperme monter le long de l'urètre, mes couilles se serrer, ma queue se tendre encore. Mes jambes fléchissent un peu, elle fait un bruit étrange de gorge, je tiens encore bien sa tête, je la secoue encore sur mon sexe alors que l'orgasme décroît. Je débande un peu, je me retire. Je m'essuie le bout de la queue sur son visage. Elle reste inexpressive. Je lui dis : retourne dans ton placard, Courtney. Elle se lève, sort de la pièce, un peu plus tard j'entends la porte de la chambre se fermer discrètement.

J'ai les jambes molles.

J'ouvre la porte anthracite du congélo. Je sors la bouteille de Zubrowka. Je contemple le liquide trouble épaissi par le froid. Je m'en sers un grand verre que je bois en trois gorgées. Je prends la bouteille et retourne dans le salon.

Je regarde l'écran de ma TSF Bionumérique.
L'hybride, Ségolène Sarkozy chef du parti Total EGALITARISM se tient à la tribune :
il dit, de sa voix régulée par un bio- processeur de contrôle vocal, en appuyant chaque syllabe du point : Je vous offre la vie, la vraie ! Son regard est emprunt d'une bravitude (mot introduit récemment au dictionnaire par le conseil supérieur du contrôle linguistique) a peine simulée. C'est le premier hybride génétique, hermaphrodite, qui accède à un poste politique de première importance.

Mes chers camarades, je m'adresse à vous, en ce moment d'une ampleur historique pour l'humanité toute entière. J'ai donné toutes mes forces dans le combat. Et ce combat pour la totale démocratie ne fait que commencer... J'éprouve l'émotion la plus forte et la plus sincère qui m'est possible de ressentir. C'est à mon tour de vous rendre ce que vous m'avez donné ! Je remercie tout les militants du parti égalitariste. Et au delà, tout ceux qui ont su faire mouvement avec nous, les combattants de l'action écologique, les jeunes du mouvement « pour la Life». Je voudrais adresser un message à tous ceux qui n'ont pas voté pour moi... Je ne vous oublierai pas ! (je me touche la queue, je bande mou). Tous unis pour une seule victoire, celle du peuple, celle de la démocratie ! Gardez foi en vous-même ! Je serai là au service de notre idéal commun, je serai là pour soutenir tous ceux que la vie a abandonné... Je n'oublierai pas notre leitmotiv : pas de démocratie pour les ennemis de la démocratie ! Nous allons redonner un sens au mot histoire et...

Dans le coin de l'écran une petite icône verte en forme de sac poubelle clignote, j'ai oublié de sortir les déchets. Je me lève passe mon jogging et mon T-shirt. Je retourne dans la cuisine et attrape le sac vert en plastique de maïs recyclable remplis de matières plastiques biodégradables dans le placard/poubelle pendu a côté de la vingtaine d'autres sacs biodégradables de différentes couleurs. Je sors sur le palier, dépose mon sac dans le conduit aspirant qui l'engloutit dans un bruit de succion ridicule. La voisine d'en face pose le doigt sur la serrure à reconnaissance génétique de son appartement me dit bonjour sans me regarder, bonjour, je matte son cul, moulé par son jeans, qui gigote sous le tissus. je recommence à bander.

J'ai envie de me taper un hybride.

samedi, avril 14, 2007

Un entretien avec le docteur Zen

J'aimerai ne pas avoir à choisir entre une image ternie du bonheur (par des conditions de vie artificielles) et une liberté destructrice. Mais tu croyais aux fées ? Oui répondis-je évasivement. Autour des combles poussiéreuses de mon âme il n'y a rien, à peine l'approximation d'un moi satisfaisant pour les autres. En suspens dans l'air notre angoisse du silence; la chaleur de nos corps à travers mon jeans.

On est dans la grande cour, la bonne, celle du côté de la rue, ça veux dire qu'on nous fait suffisamment confiance. On a même l'autorisation de sortir trois heures par jours. on doit participer aux séances de groupe et individuelles, participer aux ateliers artistiques si on en a envie, être à l'heure aux repas et surtout être rentré avant dix-huit heure. Ça nous responsabilise, ils disent. Mary regarde le large bâtiment, anciens abattoirs peints en jaune. Tu crois que c'est pour empêcher les évasions, les barreaux aux fenêtres ? Non y en a pas au rez-de-chaussé, c'est pour les suicides. Elle hoche la tête. Pourquoi ils nous laissent sortir ? Je lui réponds : pour nous responsabiliser; bien qu'en réalité, je sais que, grâce aux pilules ils modifient le champ magnétique de nos ondes cérébrales ce qui leur permet deux choses :

1° savoir chacun de nos gestes en permanence, ils peuvent très bien nous laisser sortir, ils SAVENT où nous mènent chacun de nos pas grâce à leurs capteurs d'ondes delta.

2° Chaque fou en liberté répand une sorte de virus psychique auto-généré a partir de ses névroses et contamine ainsi le reste de l'humanité. Nous sommes leur instrument, nous contaminons les autres avec nos névroses, ce qui justifie de mettre tout le monde sous antidépresseurs et autres anxiolitiques et leur permet d'INCARCERER la population dans une PRISON psycho-chimique. La preuve est simple, ce que l'on appelait Mélancolie* par le passé, (*état supérieur de conscience anté-créatif loué des artistes permettant aux créateurs de puiser aux font de leur âme l'essence de leur génie au sein d'une stase psycho-émotionnelle autistique), s'appelle aujourd'hui DÉPRESSION. Je pense qu'ils cherchent à établir un contrôle total sur notre psyché. Ils répandent le virus et fournissent un pseudo-antidote qui est l'organe chimique de contrôle !

Je touche le dos de la mains de Mary, le contact en est rêche (mais pas désagréable) à cause des scarifications qu'elle s'est faite. J' arrive encore a distinguer, juste en dessous du poignet, Kevin suivit d'un coeur. Ils veulent la mettre en foyer, (foyers qui sont autant de point de dispersion de leur virus psycho-chimique. Elle est l'instrument de leur volonté, sans le savoir elle sera un agent de dispersion viral.

- Je, je dois te dire quelque chose...

Il y a la chaleur d'une main, les sourires dérobés, les oeillades brèves et électriques. Il y a un merle qui siffle sur une branche du platane. Il y a la chaleur du soleil déclinant à l'horizon. Comme un sentiment d'éternité dans ces quelques secondes, voilà ce qui nous plaît dans ces instants fugaces et déjà mort. Et des fois le soleils est trop brillant. J'ai les yeux qui piquent un peu, je n'ai pas cligné des paupières depuis une minute. Je croise son regard (ses yeux habituellement d'un bleu très pale sont plutôt, à cet instant, d'un bleu légèrement azuré, pendant une seconde je pense que la lumière du soir joue sur la couleur de ses yeux... Mais non c'est pas logique il doit s'agir de leur Virus ce qui veut dire que ses ondes delta sont probablement captées et qu'ILS écoutent notre conversation). Heu... Tu sais... J'aime les sandwich de chez LIDL. Surtout ceux au fromage et... elle éclate de rire. Elle s'approche de moi. Son visage est de plus en plus proche. Ses yeux d'un bleu étrange se rapprochent de plus en plus et je me recule précipitamment... Désolé je ne me suis pas lavé les dents ce matin ! Au même moment la sonnerie du réfectoire retentit comme les alarmes dans les vieux films de guerre et je m'enfuie en courant.

Au réfectoire, mon voisin de table, le professeur Hannibal Smith (un enquêteur d'assurance qui se prend pour Albert Einstein) m'explique que la lutte contre le vampire diffère du film d'horreur pur, quand le chasseur est une femme. Il s'agit d'une parabole grossière sur la femme émancipée en devenir qu'est l'adolescente. Le pieux, instrument (de forme phallique) symbolise le pouvoir (jusqu'alors destiné aux hommes) que s'approprient les femmes. Le vampire symbolise le frustré sexuel qui, incapable de bander se trouve dans l'obligation d'utiliser un palliatif (les crocs), qu'il utilise pour son propre plaisir, destructeur pour sa victime. Le but ultime de la tueuse de vampire est de détruit le vieil ordre patriarcal symbolisé par un vampire antédiluvien. Je ne serai pas étonné d'apprendre que le scénario ait été créé par une lesbienne féministe. (la femme de Smith l'a quitté pour une autre femme, une commerciale itinérante spécialisée en sex toys si mes souvenirs sont exacts). Il regarde d'un air maussade les trois salsifis minuscules qui restent au milieu de son assiette, comme des symboles ridicules de son impuissance. Si... Si elle revient je lui pardonne. A la table d'à côté, Joe la branlette se lève en disant qu'il veut ajouter de la sauce béchamelle sur sa viande et sort son sexe au dessus de son assiette, on l'appelle Joe la branlette parce qu'il aime se masturber en regardant les teletubbies. Je crois que c'est l'aspirateur qui sert de nourrice aux quatre peluches qui l'excite, surtout sa trompe aspirante et le bruit de sussions. Mais je ne lui ai jamais demandé. Deux aliénistes musclés viennent se saisir de lui avant qu'il n'ait le temps de répandre joyeusement « sa sauce béchamelle ». A ce moment un autre garde chiourme s'approche de la table et me dit que le Docteur Zen souhaite me parler.

Je suis devant la porte grise du bureau du docteur, au milieu du couloir. Je jette un oeil en direction de la porte qui mène à la cour. Sur la porte je vois une chose que je n'avais jamais remarquée auparavant. Un judas... Comme un oeil juste à ma hauteur. Au dessus de la porte le voyant rouge indique que je dois attendre. J'attends mais je ne peux m'empêcher de regarder a travers le judas. Étrange de placer un judas du côté du couloir. A travers cet oeil, je peux voir le docteur Zen assis derrière son bureau. Il a sur le visage cet air étrange et sérieux qu'il prend quand il écoute ses patients. J'entends un bruit dans le couloir. Comme des griffes sur un parquet. Personne. Je colle de nouveau mon oeil au judas et, je vois une image que mon cerveau ne peut interpréter dans l'intervalle infinitésimal où elle percute la rétine et se transforme en signaux bio-électrique. Mon coeur fait une embardée; en lieu et place du docteur Zen se trouve une sorte de chose géante à la chitine sombre et luisante comme une flaque de pétrole. l'insecte saute par dessus le bureau et saute sur le patient assis en face de lui sans que celui-ci n'ait le temps de réagir et... Une sonnerie sourde et désagréable retentit. Le voyant au dessus de la porte passe au vert. Un bruit électrique se fait entendre au niveau de la clenche. La lumière au dessus de la porte passe du rouge au vert. Derrière son bureau le docteur Zen me regarde à travers ses grosses lunettes d'écaille noire de son oeil sévère, brillant d'une vérité absolue. Il me dit bonjour et me fait signe de m'assoir. Il a cet air de banquier ou de patron qui doit vous annoncer une mauvaise nouvelle. Je m'assois et regarde les tableaux accrochés en vis à vis de chaque côtés de la pièce. Deux tableaux de Pieter Bruegel. A ma droite un tableau figurant la tour de Babel. Une tour s'élevant en cercles concentriques de plus en plus étroits, la construction semble anarchique et tout un pan de l'édifice reste inachevé, le côté présenté au spectateur semble éventré et montre les entrailles de la tour ou des arc-boutants soutiennent ce qui semblent être une tour plus étroite et qui perce déjà les nuages. Autour de la tour et en son sein on voit des hommes qui s'activent tels des fourmis à peine visible à côté du léviathan de pierre. De nos jours l'homme fabrique de tels abstractions architecturales. C'est même ce qui définie les villes les plus modernes, où l'homme parle milles langages mais fabriques les mêmes buildings, formes abstraites se répétant selon des schémas presque identiques. L'autre tableau, la chute d'Icare, montre, au premier un plan, un paysan qui laboure son champs, un berger qui mène son troupeau. Puis le paysage s'ouvre sur la mer et s'étale sur un soleil levant. D'une lumière dorée, d'une violence douce et immuable. Disséminés ci et là, on observes des constructions humaines. Une ville achève la courbe de la côte. Sur une île, une petite fortification. Des bateaux s'éloignent de l'estuaire et s'engagent vers le levant, les voiles gonflées par le vent. Dans le coin droit du tableau, en bas, on aperçoit Icare. Ou plutôt on le devine. Ses deux jambes dépassent de l'eau, quelques plumes flottent. Il vient de chuter. Dans l'indifférence générale, il va se noyer.
- Parlez moi de votre frère, monsieur J.
- Je n'ai pas de frère.
- ha ? Vous avez un frère aîné. Que savez vous de lui ?
- Je... Je n'ai pas de frère, ma mère a fait une fausse-couche, un an avant ma naissance.

Derrière le docteur, une large baie vitrée s'ouvre sur une pelouse, des feuilles mortes s'accumulent au pied de la vitre.

- Oui c'est ce que vous m'avez raconté. Racontez moi encore.
- Tout ce que je sais c'est qu'elle a perdu du sang. Qu'un médecin lui a arraché le fétus à la main dans l'ambulance qui la menait à l'hôpital. Elle a perdu beaucoup de sang et si le médecin n'était pas intervenu elle serait morte. Elle m'a dit qu'elle a vu une sorte de lumière, pour elle c'était un ange.

- Vous croyez aux anges monsieur J., au paradis, à l'enfer ?
- Non.

Un craquement discret, comme des articulations disjointes.

- Vous savez, je suis là pour vous aider.

- Peut-être, oui.
- Votre mère n'a pas fait de fausse couche. Elle a accouché d'un garçon qui s'appelait Éric.
- Vous mentez !
- Vous ne vous souvenez pas ? Un enfant trisomique. Baignant dans cet amour familial dont bénéficient les faibles. Cet amour sucré, collant...
- Non, je n'ai pas de frère.
- Vous savez cet amour tellement dégouttant dans sa disproportion qu'il vous en donnerait la nausée.
- Je n'ai pas de frère, non !
- A l'ombre de cet amour si éclatant,il y a l'autre, le petit frère, petit génie que tout le monde congratule. Un peu trop rapidement, en passant, comme on jette une pièce à un mendiant.

J'ai l'impression que le docteur mange ses mots. Je lève la tête et je crois, un instant, voir des mandibules torves déformer ses joues. Sa langue ressemble à une grosse limace gluante. Je baisse la tête.

- Vous étiez un génie n'est-ce pas ? J'ai sous les yeux un test de Q.I. Que vous aviez fait à l'âge de 10 ans, il indique 210... Oui, il fallait prouver que vous existiez. Et vous travailliez dur pour ça, hein. Avoir une telle intelligence et des résultats aussi probants en classe pour... Rien. A peine une reconnaissance. Comme on jette une pièce à un mendiant.

Un instant le silence emplit la pièce.

- Et puis il a cet après-midi d'été dans la chaleur poussiéreuse de fin de journée. C'était au font de la cour de vos grand-parents, hein ? Le petit muret au font de la cour. Celui sur lequel il ne faut pas monter... Un vieux pan de mur un peu branlant. On aime bien jouer quand on est gosse hein... Vous êtes monté, sur ce muret, comme tant de fois, avec votre frère et comme tant de fois cette idée vous traverse l'esprit. Dans cet esprit si intelligent, une idée bien mauvaise, bien lâche hein... Ce n'est pas que vous détestiez votre frère... Vous l'aimiez même. Peut être bien que vous étiez la personne qui l'aimait le plus. Mais, l'ignorance des adultes à votre égard... et tout ce ressentiment, au font de votre esprit. Comme un nuage noir qui recouvre tout et donne un goût de cendre amer aux choses. Comme une force sombre qui fait trembler vos mains et finalement vous force à pousser votre frère.

- Je ne suis pas ça ! Tout en criant je garde la tête baissée.

- C'était assez haut comme muret pour un gosse de 11 ans. Surtout quand il tombe en arrière. Ça vous a fait quoi quand le sang s'est mis à couler du crane ? Un sentiment de soulagement terrible, hein ? On observe ce soulagement, cet apaisement dégueulasse comme appartenant à une autre personne, n'est-ce pas ? Ce sentiment qui s'écoule comme le sang recouvrant le béton...

La pièce est fermée mais je sens un courant d'air sur mon visage. Un courant d'air un peu poussiéreux, un peu tiède, à l'odeur rance et renfermé, comme celle qu'on imagine dans l'antre d'une bête.

- Je ne suis pas ça...
- Étrangement, ce sentiment ne meurt pas quand il faut courir pour prévenir les parents, et mentir en disant que votre frère tentait d'escalader le mur, que vous l'avez empêché mais qu'il ne vous a pas écouté. Le sentiment reste le même quand il faut faire semblant de pleurer...

La lumière de la baie se voile, comme si quelqu'un venait de tirer un rideau. Je lève la tête. Je vois, comme un voile noir. Puis je vois les nervures qui se ramifient dans toutes directions, dans un schéma complexe, se multipliant à l'infini, à la fois beau et terrifiant. Je comprends. Derrière le bureau, Je vois les ailes membraneuses qui contiennent les fines nervures se déployer dans la totalité de mon champs de vision. Puis les yeux globuleux, noirs, à facettes, brillants, sans expression, sans âme comme tout les yeux d'insecte et le corps noir d'une brillance huileuse comme une flaque de pétrole. Les longues griffes aiguisées et dangereuses comme des scies. La chose saute par dessus le bureau et me renverse sur le sol. Je vois le thorax se contracter selon les rythmes d'une respiration qui n'est pas humaine. Je sens les griffes s'enfoncer dans ma peau. Je ne peux pas me débattre. Sous les griffes, je commence à sentir la moiteur du sang qui perce mes vêtements. Je vois les mandibules se rapprocher de mon visage. Entre les mandibules, des organes de palpations s'agitent. Les griffent se resserrent encore un peu. Je sens les mandibules étrangement froides presser la chaire de mon cou. Une douleur déchirante. Un couinement ridicule que je ne peux pas retenir, s'échappe de ma gorge. Je vois une giclée de sang jaillir et s'étaler sur la tête sombre et inexpressive. Je tente de la repousser de ma main libre, mais je n'ai pas assez de force, mes doigts glissent sur l'hémoglobine et l'étalent un peu plus sur la surface noire. Mes jambes s'agitent dans le vide sans que je ne puisse les contrôler. Juste un réflexe de survie. La chaleur de l'urine, étrangement rassurante, se répand dans mon pantalon et...


Des barrages cèdent dans mon cerveau grâce à une berceuse chantonnée par un type au coin de la rue.

mercredi, janvier 24, 2007

Je suis né dans la communauté de l'acceptable

Je me souviens d'une fille, je lui dit je suis désolé le Mexique est trop loin. Elle me répond avec un air fin et intelligent que les distances ne sont pas importantes. J'acquiesce avec un sourire que j'estime ravageur. Je trouve sa réponse bête et stupide et matte ses gros seins qui pointent sous sa petite blouse de coton fleurie. L'air embaume de son shampoing parfumé à la noix de coco. La matinée touche à sa fin. La chaleur du soleil est encore supportable et agréable. Je dis que le Mexique c'est un peu la Hollande des américains... Elle me regarde de travers. Ben ouais les putes la drogue tout ça quoi. Elle s'esclaffe en posant sa main sur mes abdos fermes grâce à mes exercices physiques réguliers et mon alimentation équilibrée. Je la désire. Elle s' approche de moi, je suis un peu mal à l'aise. Ce n'est pas sa présence, ni sa chaleur. Ni son parfum patchouli écoeurant dont elle asperge son vieux gilet miteux et qui me donne limite la gerbe. Ce qui me gène c'est son amour trop sincère. Elle aime une image de moi, une représentation, un mirage acceptable pour l'alchimie bio-électrique de son cerveau. Je l'embrasse rapidement, je lui dis que j'ai des choses à faire et je m'en vais. Je ne crois pas lui avoir reparlé depuis. Je suis incapable d'aimer.

Autre jour, autre heure, autre moment (autre vie peut être) :
50 video-clips et cinq chansons en boucles comme explication du cosmos. Je crois que c'est à peu près tout ce que peut contenir son petit cerveau. Je lui demande si elle connaît le Lied. Elle me dit non, elle va faire ses courses chez Aldi Elle a quand même un atout : Son petit cul moulé dans un mini-short latex vert pomme. A la radio, ils passent Macumba de Jean-Pierre Mader. Elle me dit que c'est son chanteur préféré, qu'elle l'adore que ses chansons son trop belles.


L'ordinateur dit au fonctionnaire que je ne suis pas solvable et lui donne les mesures nécessaires qu'il devra prendre. Le fonctionnaire me dit que le système n'est pas contre moi. Il me dit aussi qu'il fait son travail.

Je suis né dans la communauté de l'acceptable et de la vente par correspondance où notre imaginaire est fait de millions de publicités (je me souviens d'avoir acheté un superbe pull motifs jacquard couleur chocolat, le plus beau pull que j'ai jamais acheté). Nous ne somme plus confronté à la réalité. A peine vivant nous somme les réceptacles des flux d'information de la réalité médiatique, guère plus utiles et fonctionnels que nos télés, chaînes hi fi, graveurs De DVD. Le jour où les machines n'auront plus besoin de nous pour appuyer sur le bouton Power, nous deviendrons obsolètes. Le quotidien ne nous interpelle plus désormais que dans son extrême violence. Tout a l'heure je me suis brûlé la peau au creux du bras (là où la chair est la plus tendre) avec un mégot de cigarette. Pas pour exprimer ma souffrance. Mais plutôt pour la ressentir. La douleur venant du frottement permanent du tissus de ma chemise avec la brûlure me raccroche à la réalité, empêche mon esprit de se disperser. cet après midi là, juste après avoir vu la chute d'un corps, celui d'un homme se jetant du vingtième étage, je pris conscience de la trajectoire courte et éphémère d'une vie humaine. Je crois que c'est en voyant ce corps écrasé et encore frémissant que mon cerveau a finit par disjoncter. Je ressentais une sorte d'euphorie métaphysique, le cosmos me renvoyait à la face la stupidité de mon existence par l'entremise du suicide de cet humain lambda. J'en éprouvais une sorte d'extase mystique jouissive et terrifiante à la fois. Comme un bébé qui chie pour la première fois sans ses couches.

Dans le restaurant un homme en complet-veston gris, lunettes épaisses d'écaille noire se leve et dit d'un ton pressé : vous approchez de la fin, finissez-en !

Ils m'ont enfermé dans une pièce de quinze mètres carré, dans une sorte de cube d'acier poli reflétant à peine mon image. Mais je ne sais pas qui « ils » sont, ce que je fais là ni pourquoi. Je suis enfermé ici depuis une éternité. Sur un des murs on devine le contour d'une porte, une rainure tellement fine que l'on ne pourrait pas y passer une lame de rasoir. Je me demande ce qu'il y a derrière, je ne l'ai jamais vue ouverte. J'ai l'impression de dériver dans le vide intersidéral, loin de toute humanité, J'ai essayé de taper sur les parois mais mes coups restent muets. Des petits spots fournissent une lumière tantôt puissante et éblouissante, tantôt tamisée. Les phases artificielles de jours et de nuits se suivent selon un rythme irrégulier, elles semblent parfois durer quelques minutes ou parfois des journées entières. Le temps n'existe plus je vis au présent dans une sorte d'angoisse permanente. Là, à l'instant, une lumière éblouissante me rend presque aveugle. Les contours des mots se dessinent à peine sur le papier. Je crois qu'ils cherchent à me rendre fou. Ou à révéler ma folie ? Une cuvette d'acier me sert pour faire mes besoins et une toilette sommaire. Je suis seul, nu, avec mon odeur corporelle. Depuis des heures, j'écris car c'est le dernier acte qui me persuade d'être vivant. De temps à autre une voix surgit de nulle part et me pose des questions. Quel est votre nom ? A quoi pensez vous quand vous êtes confronté à la mort ? Avez-vous tué votre père ? Arriviez vous à faire jouir la fille de la voisine dans sa petite chambre rose bonbon ? Que faites-vous pour compenser vos pulsions de mort ? Éprouviez-vous du plaisir à brûler des mouches plantées sur une aiguille à l'age de six ans ? Arrivez-vous à déféquer sous le regard désapprobateur de votre petite amie ? Vous souvenez -vous des moqueries de vos parents découvrant vos premières masturbations ? Ca vous faisait quoi d'être un gros lard puant la sueur à l'âge de quinze ans ? Pourquoi n'avez vous pas le courage de vous suicider ? Je suis probablement l'objet d'une expérience. J'essaye de me raccrocher à mes souvenirs mais je pense que ma santé mentale s'étiole. Bientôt il ne restera plus rien de moi. De temps à autre, je m'endors et, à mon réveil une assiette de nourriture se trouve devant la porte. Des feuilles de papier et un crayon se trouvent parfois à côté de la nourriture et la voix me dit : écrivez. Ce que je fais. Je n'ai jamais vu la porte ouverte. Peut être est-ce mieux ainsi.

vendredi, janvier 12, 2007

Les BD italiennes

Je lisais des bandes dessinées italiennes conseillées par le docteur Mulholand. La meilleure : une histoire pornographique ayant pour héroïne une femme brune, aux cheveux longs, aux fesses bien rondes, aux seins bien lourds; qui considérait, de manière naïve, le sexe comme une activité plaisante, comme un acte philanthropique. La femme idéale en somme. La porte d'entrée claqua. Britney m'annonça de sa voix d'enfant de choeur mal accordée, un sourire radieux aux lèvres, qu'elle avait pris sa pilule ce matin. Elle était passée la veille au soir à la coopérative d'achat prendre quelques vivres pour le dîner, des légumes surtout, et la nouvelle pilule abortive, autorisée en automédication. J'avais un peu de mal à me concentrer sur la page où l'héroïne se faisait monter par un mutant agressif au corps à peine humanoïde recouvert de tentacules et doté d'un pénis monstrueux. Elle se débattait et il n'arrivait pas à la pénétrer. Tout le paradoxe de l'histoire reposait sur l'innocence enfantine de l'héroïne et sur son goût immodéré pour le sexe. Britney posa quelque chose sur le petit bar qui servait de séparation entre le salon et la cuisine. Elle faisait trop de bruit. Je n'arrivais pas à me concentrer. Je pensai : j'aimerai que tu fasses moins de bruit s'il te plait. Une pointe de douleur à l'estomac. Un noeud à peine désagréable, tout juste supportable. Je tentais de me focaliser sur la page pendant quelques minutes, mais la tension qui naissait en dessous du plexus solaire s'étendit au reste de mon corps jusqu'à mes doigts dont le tremblement à peine perceptible, devenait malgré tout gênant. Sa voix était trop aiguë. Elle avait un corps magnifiquement sculpté par les E.C.M.M.F. (exercices collectifs matinaux de maintien en forme), mais sa voix était vraiment trop aiguë et d'une tonalité vulgaire. En réalité cette fille était profondément vulgaire. C'était le trait dénominateur de son être : la vulgarité. Une autre porte claqua, elle était sortie du salon. Mon regard s'attarda sur un de ses posters (dont elle décorait tout l'appart). Il s'agissait d'un poète maudit français du vingtième siècle, un certain Jim Morrison. Mort jeune, sa qualité première sûrement. Un auteur obscur que tout les amis de Britney citaient comme le plus grand poète de son temps. Peut être. Mais qui s'interroge aujourd'hui sur la poésie du vingtième siècle ? Si l'on excepte quelques étudiants spécialisés qui se gargarisent sur des formes artistiques mortes depuis des décennies, personne. Sous le poster elle avait fait encadrer une strophe d'un de ses poèmes préféré, the celebration of the lizard :

Is everybody in?
The ceremony is about to begin.
Wake up!
You can't remember where it was.
Had this dream stopped?

Ce type avait écrit un texte (il y a quoi ? Soixante-dix ? Quatre-vingt ans ?) pour salir le mur immaculé de mon appart. Je me levai, pris le paquet de clopes posé sur le meuble holo-TV. Sur le paquet il était écrit : « fumer empêche la formation du cancer ». Je grillais une clope et ouvrit la fenêtre du salon pour m'y accouder. Le goût fade, sans saveur aucune de la cigarette s'accordait parfaitement avec la monotonie du paysage qui s'étendait sous mes yeux : un champ de tours d'habitations uniformes, dépassant d'une couche nuageuse grisâtre, qui rendait le sol invisible et au dessus de tout ça, le ciel bleu uniforme apportait une touche de couleur parfaite, angoissante, au dessus de cette uniformité urbaine. La voix de mon prof d'économie communiste résonnait encore à mes oreilles : « toute progression sociale se fait au détriment d'un autre ». J'avais bénéficié de cette progression social. Je vivais dans un appartement pour fonctionnaire de la banque mondiale humanitaire situé juste au dessus du « smog » : la couche de pollution qui cachait le ciel pour la majorité des habitants et qui servait de marqueur de votre niveau de vie. Si vous pouvez voir le ciel de votre fenêtre c'est que bénéficiez du niveau de confort moyen instauré par la ligue des droits de l'homme. La fumée sans odeur de la cigarette se dissipait dans l'air, troublant à peine le calme abstrait des immenses concrétions de bétons dont l'aspect ne laissait transparaître aucune vie, aucune présence humaine. C'était l'oeuvre titanesque, d'un sculpteur dément, posée là au milieu de nulle part. Mon regard dériva quelques instants sur les ondulations calmes, comme une respiration ensommeillée, du nuage de pollution. Là bas en dessous, ils rêvent du ciel, ils l'imaginent. C'est peut être mieux. Ma rêverie fut brève, car la voix haut perchée de Britney me ramena à la réalité. Je ne savais pas pourquoi elle avait crié, mais l'écho de sa voix résonnait encore à mes oreilles quand je me dirigeai vers l'endroit où elle se trouvait. Je pensai : qu'est ce que tu veux encore ? La douleur aigre relançait sa pulsation d'inconfort au creux de mon estomac. Je serrai les dents. Je me dirigeai vers la partie de l'appartement que l'architecte communautaire avait baptisé « confort hygiénique » et me rendis compte qu'au bout du couloir la porte menant aux W-C était grande ouverte. La porte de la salle de bain était, par contre, fermée et j'entendais le bruit de la douche. Je m'avançai et découvris sur le sol une tache rouge circulaire, sombre, sur la blancheur éclatante de la moquette. Une autre tache circulaire, plus petite celle-là, gravitait près de la première comme un satellite immobile. Il y a avait aussi des traînées rouge carmin sur le carrelage froid et terne des toilettes. La douleur s'accentuait un peu plus au creux de mon estomac. Dans la cuvettes, d'autres traînées sanglantes tachait la porcelaine blanche jusqu'à la lunette en plastique (qu'il faut toujours rabaisser). Des caillots de sang coagulés constellaient la composition absurde de ce tableau sanguinolent que l'on aurait pu intituler : « La fausse couche chimique de Britney ». La douleur martela encore un peu plus mon estomac en pensant que j'allais devoir nettoyer tout ce bazar. Des caillots de sang glissaient vers l'eau rougie au creux de la cuvette. De différentes épaisseurs, de différentes textures, plus ou moins adhésifs, certain entamaient à peine leur lente descente, d'autres restaient immobiles collés à la parois, attendant le jaillissement purificateur de la chasse d'eau. D'autres encore flottaient ou dérivaient sur l'eau assombrie formant des îlots improbables s'agglomérant aléatoirement, se désagrégeant lentement épaississant un peu plus l'eau rougeâtre. Je ne le voyais pas mais l'un de « ses » caillots contenait le fruit de l'alliance de nos gonades. Un embryon de quelques millimètres qui ressemblait plus à une larve qu'à autre chose. Je me demandai si cette « chose » ressentait le changement d'environnement qui lui était imposé : qu'elle allait finir sa courte vie de cinq semaine dans la cuvette des chiottes. J'appuyai sur le bouton de la chasse d'eau. Je n'avais pas envie de voir cette « chose ». A cinq semaine, ils mesurent sept millimètres, donc visibles à l'oeil nu. Des morceaux de tissus d'utérus rougeâtres et filandreux volèrent dans le tourbillons de la chasse d'eau comme des algues emportées par la marée; ne voulant pas regarder pour ne pas apercevoir « la chose », mais les yeux ne pouvant se détacher des morceaux aspirés dans un bruit de succion par la bouche de la cuvette. J'appuyai une nouvelle fois sur le bouton de la chasse pour faire disparaître les dernières traces. Dans la salle de bain, le bruit de la douche avait cessé. J'entendis un bruit. Comme le geignement d'une bête, celui d'un chiot plaintif. Peut être Britney qui pleurait ou qui ricanait. Je n'en étais pas sûr. Comme des hoquets ridicules. Je regardai la porte, puis la poignée. Elle devait ricaner, ça lui ressemblait bien plus. Je me détournai de la porte et de sa poignée en plastique blanc et me dirigeai vers le salon avec l'envie de m'en griller une pour faire passer mes aigreurs d'estomac et reprendre ma BD là où je l'avais laissée.

samedi, décembre 16, 2006

La parade (4)

J'étais assis au «dog bar» un café du coin de la rue. Caché derrière ses lunettes d'aviateur, me renvoyant ma propre image, Jim me dit : Tu remarqueras que le mot eye peut se lire dans les deux sens. J'acquiesçai, lentement, comme dans un film défilant au ralenti. Dehors la nuit tombait ou plutôt la lumière déclinait. On était en début d'après midi, le jour était en train de mourir et j'étais le seul à m'en rendre compte. La serveuse s'approcha et me demanda si je voulais encore du café. Je répondis non. Pourtant, elle fit mine de verser et, le contenu de ma tasse remonta vers le bec de sa cafetière pour s'agglomérer au liquide noir collé au fond du récipient. La serveuse s'éloigna en souriant, ses lèvres remuèrent de manière saccadée et vibrante comme soumises à un champ électrique puissant. Une voix hurlante de haut dignitaire nazi sortait d'un viel appareil radio : « Tous les adolescents sont des fascistes en puissance ! Ils éprouvent le besoin de se soumettre au culte de la personnalité. Les rock stars, les stars du rap, les stars du cinéma ont été inventés par le système pour canaliser cet élan fasciste. Le prochain dictateur européen aura l'allure et l'attitude d'une rockstar !» Derrière le double vitrage, la foule rugissait au passage de la parade, au loin, des collines mouvantes, sinueuses et écailleuses, cachaient le soleil tandis que j'explorais mon propre drame (tu te souviens quand papa disait : je suis incapable de viser le coeur) et que les soeurs défilaient nues, la chair remuant sous leurs gestes désarticulés et obscènes de possédées. De l'autre côté de la rue, près d'une ruelle encombrée d'ordures, un chien rongeait un os étonnamment long et, trônant sur une poubelle, un crâne contemplait le vide, avec sérénité, de ses orbites creuses. Au milieu de son front blanc comme de la craie, un trou circulaire pouvait laisser supposer de sa mort. La foule stagnait dans l'artère principale, près des maisons alignées, copies conformes d'un modèle unique élaboré, conçu, modélisé, loin, dans un bureau situé quelque part au 47e étage d'un building renfermant des centaines d'autres bureaux où sont conçus des milliers d'autres projets de modèles qui seront également copiés, définissant les contours de notre confort, réduisant les méandres des circonvolutions de l'esprit humain et le labyrinthe complexe et infini de l'univers à une série de lignes droites et de courbes rassurantes. Un poivrot se leva, tituba entre les banquettes et le zinc. Un commis voyageur, aux épaisses lunettes d'écaille noire se moucha bruyamment, sa valise attendant sagement près de ses souliers comme un animal de compagnie bien dressé. Un enfant fit tomber sa glace sur le lino gris. Un homme coupa son steak saignant d'un geste chirurgical. Une vieille dame permanentée engouffra le dernier quart de sa tarte au citron. Un camionneur but la dernière gorgée de son café. Une serveuse frotta la table après le départ du voyageur. Le carillon sonna. La porte claqua. Je... Je crois que l'univers s'effondre. Ha ? Et ça te fait quoi ? Jim mâchait bruyamment son chewing-gum comme un enfant effronté ou comme une caricature ratée de prostituée. Et comme pour accentuer cette vulgarité, il ajouta : « je crois que cette fille veut décoller sur ma rampe de lancement ». Il regardait la fille qui frottait avec ardeur, penchée sur la table, le revêtement de plastique usé dans un mouvement pornographique. Totalement absorbé par sa tâche, elle libérait, inconsciente, la teneur explicitement sexuelle et masturbatoire de ses gestes, ses seins vibrants, pressés sous sa blouse rose pale. Dehors la parade continuait sa marche aux sons d'une musique grotesque, aux accords dissonants. Sur des chars, des vieillardes édentées se faisaient prendre par des babouins, jouissant sous les vivats de la foule. Des hommes se paluchaient ostensiblement, arrosant les visages des vieilles lubriques d'une offrande translucide et joyeuse. « Nous sommes victime d'une panne d'électricité de l'histoire ». Une gamine blonde tournait autour d'un réverbère, la main collée au métal froid, indifférente au spectacle de la rue. Un moine à la robe de bure usée, à la tonsure bien rasée, jouait du saxophone, son étui ouvert à ses pieds. Il jouait un air de Chet Becker, Tangerine il me semble. Un homme rassemblait mollement les feuilles mortes de l'automne de son râteau rouillé. Elles s'amoncelaient en un tas dans le coin d'une cours aux vieux pavés. Une nouvelle voix à la radio : «il n'y a pas d'histoire, seulement un amoncellement chaotiques de faits et d'actes. Mais, comme l'esprit humain à besoin d'ordre, alors nous construisons l'Histoire dont le sens tend à répondre de manière rassurante à la question : Pourquoi ?». Jim mâchonnait toujours son chewing-gum de manière nonchalante : «J'ai déjà vu des milliers de feuilles mortes dans une station de métro, tu crois que c'est possible ?». La radio éructait d'une voix suave : «Il a été retrouvé mort dans sa villa de Miami où il s'était enfermé depuis quatorze ans. Il travaillait sur un projet urbain consistant à faire vivre trente millions de personnes dans des mega-buildings. Né pendant la grande panne qui toucha près de 50 millions de personnes, il travaillait également sur un projet d'appartements chacun alimentés par sa propre micro-centrale à fusion.» Dans le reflet miroitant de la vitre, les visages des consommateurs devenaient grimaçants comme des masques mortuaires monstrueux, les reflets de ce qu'ils étaient : des morts attendant leur transfert (je suis les deux moitiés d'une même personne).

dimanche, novembre 19, 2006

Post-it

Je suis un étudiant très intelligent, toujours occupé. Mes parents ont voulu de moi que je fasse des études pour échapper à la misère prolétarienne qui mine la famille depuis au moins cinq générations. Devant leur angoisse, j'ai choisi médecine afin d'aider mon prochain : Ma thèse porte sur la putréfaction des membres humain en milieu anaérobique (notamment la vase du fond de certains étangs). Je travaille à mi-temps chez mon oncle Mario qui est plombier, ça me permet de payer le loyer d'un petit studio dans un ancien quartier ouvrier qui tombe en ruine. J'habite un vieil immeuble de briques rouge sale, les éboueurs ne passent pas toutes les semaines et il arrive souvent que les ordures s'amassent devant la porte d'entrée, attirant les mouches en été et développant une odeur de pourriture assez forte. Comme je loge au quatrième ça ne me dérange pas vraiment. Et puis l'homme peut s'habituer à tout, même à ça. J'ai laissé un post-it sur le réfrigérateur, il est écrit dessus : « n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle ». C'est un couteau à viande (bien que je suis végétarien) de la marque Ed Gein. La lame fait 20 cm de long, elle est en céramique, matériau high-tech à base de Zircon (pierre de diamant plus dure que le métal) à l'aide duquel il a été développé des lames au tranchant exceptionnel. Les particules de Zirconium desquelles la lame des couteaux Ed Gein est façonnée sont très fines. Ces fines particules donnent à la lame sa résistance aux chocs. Elles assurent également la longévité incomparable du tranchant. Les matières premières employées sont affermies à approximativement 1500 degrés Celcius dans un four conçu spécialement pour ce matériau. Le résultat est que seuls les diamants sont supérieurs en dureté. J'ai également un couteau à désosser (lame de 16 cm) et un couteau à pain (lame de 25 cm) dont j'apprécie surtout le tranchant dentelé. Je lave toujours mon couteau à viande Ed Gein deux fois pour qu'il soit bien propre. Je contemple souvent la brillance froide et bleutée de la lame, le soir, dans la pénombre de mon appartement (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). J'ai fait connaissance avec une femme grâce a un site de rencontre sur internet. Divorcée, 32 ans, une enfant de cinq ans, passionnée de musique electro 80's genre kraftwerk,, human league, new order. On a discuté pendant un mois; ensuite poussés par nos instinct nous avons pratiqués quelques cams « hots » pour assouvir nos désirs. La webcam permet le rapprochement visuel de deux univers intimes et fatalement deux individus poussés par les mêmes pulsions finissent par les calmer par la pratique masturbatoire (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Nous devons nous voir. Au Champion du coin j'ai acheté une boite de préservatifs king size et une bouteille de champagne. A la caisse, une petite rousse mignonne passe les articles sous le faisceau rouge. J'adore les rousses, leur peau laiteuse a une incomparable transparence, je regarde son cou, observant le bleu velouté et palpitant des veines superficielles, puis mon regard descend vers l'échancrure de son décolleté mis en valeur par le fourreau étroit de sa blouse rose de caissière. J'apprécie la rotondité de ses seins et les taches de rousseurs qui les constellent comme des étoiles de feu dans un ciel d'une blanche concupiscence. Mon collègue Dimitri pense que le roux des cheveux est signe d'une tare génétique et selon lui, comme le gène est récessif il finira par disparaître au bout de X générations. Je lui ai dit que c'était stupide qu'il y aurait toujours 1 ou 2 % de roux (peut être parce que j'aime bien les rousses). Je lui ai expliqué que si l'on suit la Répartition d'Hardy Weinberg :

Soit p la proportion de gènes "roux" et (1-p) la proportion de gènes "bruns" (en réalité il y a 24 gènes et 131 allèles impliqués dans la pigmentation des cheveux, mais ça ne change rien à part que la démonstration est plus compliquée)

Donc :
la proportions de roux (rr)est p² (il faut deux allèles roux)
la proportion de bruns ayant un allèle roux (rR) est 2p(1-p)
la proportion de bruns n'ayant pas d'allèles roux (RR) est (1-p)²

A la génération suivante, combien obtiendra-t-on de roux ?
Si les deux parents sont rr : probabilité=1, donc ça fait (p²)²
Si rr / rR : proba=1/2, donc 2*2p(1-p)p²/2=2p^3(1-p)
Si rR / rR : proba=1/4 ==> 4p²(1-p)²/4=p²(1-p)²
Dans tous les autres cas, il n'y aura que des bruns.

Faisons le total, à la génération suivante, la fréquence des enfants roux sera :

p^4+2p^3(1-p)+p²(1-p)²=p^3+p²(1-p)= p²

après ma démonstration rationnelle et d'une vérité quasi absolue, il continua de dénier et d'affirmer que les roux disparaîtront purement et simplement avec le brassage ethnique. Je lui expliquai alors que brassage ethnique ne signifie rien, qu'il s'agit là de biologie et de vérité statistique... Le brassage des populations, implique qu'il y aura moins de roux, parce qu'au lieu d'avoir une concentration de "gènes roux " a un endroit donné, les gènes seront répartis équitablement, et donc les chances de tomber sur un couple gagnant seront plus faibles: s'il y a 200 gènes roux dans le monde et qu'ils sont tous uniquement chez 100 personnes de la population d'une île, il y a 100 roux par génération. Le jour où l'on disperse les 100 roux, les 200 gènes sont repartis sur la population globale. A chaque génération, au delà de la première où il n'y aura éventuellement aucun roux, la propension à avoir des roux sera très faible mais tout de même existante. Il n'y aura pas de disparition mais la population rousse atteindra un niveau plancher. On a discuté ainsi pendant 5 heures de la disparition éventuelle des roux
(n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Vingt trois euro quarante. Je regarde ses lèvres bouger. Je ne vois qu'elles, comme un gros plan sur un écran de cinéma. Elle rougie un peu. Je suis sûr qu'elle a interprété mon regard comme libidineux (L'abdomen d'une femme dépasse rarement quinze centimètres de profondeur). Je lui fais un petit sourire de politesse en sortant ma monnaie. Elle me fait un sourire radieux. Je passe toujours à sa caisse quand je viens faire mes courses. Je crois qu'elle a mal interprété mon sourire et savoir qu'elle ait pu éprouver une émotion à mon égard que je n'ai pas cherché à provoquer, me mets mal à l'aise. Je sens un noeud aigre se nouer dans mon estomac. Je me contenterai de la voir camper son rôle de caissière lisse, fonctionnel. Je range mes achats dans mon sac et sors dans la froideur moite de la nuit.

Chez Mary (je crois qu'elle s'appelle Mary) :

(n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle) elle parle, elle parle beaucoup. A travers ses gestes maladroits, elle laisse entrevoir son désir sexuel. Elle s'est maquillée et, malgré les quelques compliments de convenance que j'ai pu lui faire, son maquillage ne la met pas du tout en valeur. Comme beaucoup de femmes dans la trentaine, elle pense devoir cacher les quelques traces que le temps commence à laisser sur son visage. Pourtant, ces quelques traces évoquent toute la tragédie de l'existence humaine. Ce qui la rend sublime, c'est l'éphémère. Toute tentative de camouflage devient vulgaire. (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Je regarde sa mâchoire monter et descendre à chaque bouchée, actionnée par les muscles temporaux et masseters. Elle déglutie et les aliments descendent le long de l'oesophage lubrifié par la mucine et la salive mélangée au bol alimentaire. Sa mâchoire monte et descend, elle parle, je ne l'écoute pas, pourtant je réponds et souris . Pendant mon stage aux urgences, une femme est arrivé avec une mâchoire déboîtée, elle donnait l'impression de faire une grimace simiesque. La mandibule était désaxée et formait un angle aigu étrange sur le coté droit de la face, faisant songer à l'oeuvre vivante d'un artiste cubiste. Allongée sur son brancard, elle essayait de dire quelque chose. Mais en lieu et place de paroles, ne pouvant articuler, elle poussait des vagissements incompréhensibles comme en poussent parfois les débiles profonds et les fous. Sa langue s'agitait entre les dents à peine écartées, comme l'extrémité d'un tentacule de pieuvre. Un filet de bave un peu rouge coulait de l'ouverture informe de sa bouche pour s'étaler sur le simili cuir noir du brancard. L'entendre, m'exaspérais. Je restais là, immobile spectateur, dans la chambre spartiate éclairée par la lumière froide d'un néon. Une infirmière entra dans la chambre, m'écarta d'un mouvement d'épaule. Elle dit ça va aller, ça va aller. Elle essuya la bave précautionneusement, avec douceur, d'abord sur le visage puis sur le brancard. Les vagissements se calmèrent un peu. Elle règla la molette de l'intraveineuse. Lui tint un peu la main et la tapota avec douceur. Ca va aller, ça va aller. Cette irruption soudaine d'empathie et de compassion dans ce milieu aseptisé, me mit mal à l'aise. Une sueur acre refroidit alors mon visage et une torsion pleine d'aigreur bileuse serra mon estomac. L'infirmière leva un regard noir vers moi, je crois qu'elle me reprochait quelque chose. Je n'arrivai pas à savoir quoi. Après visionnage des radiographies, quelques explications et un rappel du protocole, le titulaire me laissa redresser la mâchoire de la femme. Au moment où l'os se replaça dans sa jointure dans un craquement plutôt discret, j'éprouvai un plaisir, proche de l'orgasme, Une érection déforma le tissu de mon jean, heureusement cachée par ma blouse. Le même soir, dans la salle de repos j'entendais une infirmière et un médecin discuter de leur métier et de la notion de charité chrétienne. De l'aspect nécessairement humain de leur métier. Je n'étais pas d'accord. Nous ne devenons pas médecin par charité et amour de notre prochain, en lieu et place quelque part dans la partie la plus sombre de nos esprits gît l'illusion de pouvoir maîtriser la mort, de pouvoir la vaincre. Notre rôle n'est pas différent des embaumeurs de l'Égypte ancienne qui glissaient des amulettes entre les bandelettes des momies pour transcender la mort. La bouche de Mary ou de je ne sais plus qui continue son action mécanique de mastication (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Elle déblatère des choses sur sa fille comme quoi elle l'aime qu'elle grandit trop vite que l'année prochaine elle sera au CP, que ce n'est pas évident de concilier sa vie de mère et de femme moderne etc... J'aimerais bien lui déboîter la mâchoire. Par exemple me placer derrière elle, l'enlacer, lui caresser le visage afin qu'elle soit en confiance et totalement détendue et...

Je me réveille dans un lit étranger. La lumière filtre entre les lamelles de la persienne, je ne sais pas où je suis. Mon dos nu repose sur des draps trempés (et visqueux ???) comme parfois en été. Mon bras gauche déborde du lit. Je tiens quelque chose dans ma main. Je rapproche ma main de mon champ de vision et contemple mon couteau Ed Gein au milieu de mon poing ensanglanté. Je regarde mon corps, je suis couvert de sang. Je bouge un peu ma main droite et touche ce qui semble être de la chair froide, sans vie. Je regarde dans cette direction et contemple le corps d'une femme à peine reconnaissable (j'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène) :

Le corps est allongé, la tête tournée dans ma direction. Le bras gauche se trouve le long du corps, l'avant bras replié à angle droit repose en travers du creux de l'abdomen, les doigts serrés. Le bras droit, quelque peu détaché du corps, se trouve sur le matelas. Les jambes sont largement écartées. Toute la surface extérieure de l'abdomen et des cuisses semble avoir été arrachée, laissant voir la blancheur du fémur. Alors que les viscères ont été retirées de la cavité abdominale, les seins sont coupés à leurs bases, les bras mutilés de nombreuses entailles irrégulières. Le visage totalement méconnaissable semble avoir été pelé comme une orange laissant apparaître le crane en de nombreux endroits. Le cou a été tranché jusqu'à l'os. Les viscères ont été éparpillées un peu partout : l'utérus, les reins et un sein se trouvent sous la tête, formant une sorte d'oreiller grotesque et dégoulinant de sang; l'autre sein, près du pied droit; le foie, entre les pieds; les intestins, à la droite du corps, la rate à la gauche; des lambeaux de chair de l'abdomen et des cuisses ont été empilés sur la table de nuit.

Tout ceci n'est pas réel, je... je dois être au beau milieu d'un rêve. Pas un son ne vient troubler le calme de la pièce. Derrière les persiennes, le monde semble absent, je me demande si je suis encore vivant.

lundi, novembre 13, 2006

La parade (3)

chez mes parents on vivait dans une grande maison bourgeoise toute délabrée, tellement froide en hiver qu'on devait mettre des gants et des cache-nez ce qui n'était vraiment pas pratique pour mon père saxophoniste et ma mère chanteuse de rue. Les jours d'averse , la pluie battait le rythme dans de grandes bassines que l'on disposait sous les béances du toit. Pour me réchauffer mon père me disait de battre le rythme en claquant des doigts. Ce que je faisais. On avait une grande chaudière à charbon en fonte peinte en rouge tapie dans la cave mais les murs était tellement peu épais et les fenêtres tellement disjointes que les jours de tempête on pouvait faire planer un cerf-volant sous le grand plafond du salon. On grimpait sur le toit par un trou où l'on avait installé un divan pour regarder les étoiles. Derrière la maison on avait pour jardin un terrain vague rempli d'orties et d'herbes folles, habité par un chat savant qui avait pour habitude d'observer les moindres faits et gestes des humains avec une attitude détachée et suffisante. Au bout du terrain vague vivait un couple de hippies dans un viel autocar wolkswagen rouillé aux roues enfoncées dans la terre depuis des siècles. Ils sentaient le moisi et la chèvre et attendaient la fin du monde ou un truc comme ça , je crois. En tout cas ils passaient leurs temps, hébétés, dans un grand nuage de fumée acre et soporifique. J'étais ami avec une de leurs filles. Lucy. Elle boitait ou plutôt elle sautillait parce qu'elle avait une jambe plus courte que l'autre. Quand je lui demandai pourquoi elle ne se soignait pas, elle me disait : c'était à cause du grand capitaliste. Enfin c'est ce que disait ses parents. Je savais pas qui était le grand capitaliste. Probablement une sorte de croquemitaine ou une espèce d'ogre, ça devait être pour ça que ses parents vivaient dans un autocar, a cause du grand capitaliste. Elle venait souvent à la maison pour écouter mes parents et leurs amis jouer de la musique. Elle préférait les soirs de panne de courant, à cause des bougies. On avait l'impression d'être dans une grotte aux fées et les soirs d'été tout les gens du quartier venaient écouter les jams accoudés aux grands fenêtres, la clope au bec, la binouse à la main, même le chat aussi était là écoutant d'un air détaché quasi blasé, se léchant une patte les yeux mis-clos. Un jour d'été, mes parents sont partis en tournée. Enfin une sorte de tournée, ils appelaient ça : la cavale. Je les ai attendu. Longtemps. Pendant ce temps, je continuai à vivre ma vie, je m'amusais à résoudre des opérations différentielles à cinquante inconnues pour passez le temps, tous les soirs je dénombrai les étoiles avec Lucy et le chat sur le divan du toit et on s'endormait là haut bercés par la douce chaleur des soirs d'étés. Puis l'hiver est venu et avec lui un homme en noir. Une sorte de grand capitaliste, mais qui s'appelait huissier d'injustice. Il a dit qu'il était là pour vider la maison. Il a dit aussi qu'il avait appelé des amis à lui et qu'ils allaient s'occuper de moi. Ses amis étaient bizarres. ils cachaient leurs corps maigres sous de longs imperméables noirs laissant saillir les angles aigus de leur ossature. Ils avaient des bras longs et leurs mains arrivaient à leurs genoux et des ongles noirs s'agitaient avidement aux bouts de doigts affreusement graciles. Leurs têtes disparaissaient dans l'ombre d'un grand chapeau noir et Il n'y avait guère que leurs longs nez de sorcières qui dépassaient dont les narines humides s'agitaient avidement comme la truffe d'un chien. Alors comme je me suis débattu, ils se sont occupé de moi. Ils avaient des bâtons. Et ils ont tapé. Ils tapaient sec. Tapé jusqu'à ce que je sente le goût poisseux du sang dans ma bouche. Après ils m'ont traîné dehors. Dehors il y avait le chat. Il avait les yeux mis clos, il était étalé dans une flaque de sang sur le trottoir. Son dos avait une forme bizarre. Comme les créneaux d'un château. Puis Ils m'ont emmené dans une grande fourgonnette noire avec une porte grillagée derrière. Il y avait déjà une dizaine d'autres enfants entassés contre la grille comme des chiens emmenés à la fourrière. Dans le terrain vague, l'autocar wolkswagen brûlait et envoyait des volutes de fumées noires qui laissaient des traînées d'encre de chine plus sombre que le ciel nocturne. Ils nous ont conduit dans une sorte de grande maison noire qui ressemblait à une usine où il été écrit sur le fronton : « Abandonne tout espoir toi qui pénètre ici ».

jeudi, novembre 02, 2006

Une petite injection

Le docteur Zen décide de me faire une petite injection. La première fois ça n'avait rien changé, le semi-bond dans le futur avait échoué. Là il a décidé d'agrémenter son cocktail acide gamma hydro butyrique/phencyclidine/chlorhydrate de kétamine/chlorhydrate de fluoxétine d'un truc de son invention. Le genre de truc qui vous dilate les veines comme un ver s'introduisant dans un trou trop étroit, rampant sous votre peau, étendant ses vrilles dans le moindre capillaire, une molécule qui vous agrippe les neurones, s'insinuant dans les axones, comme les racines d'une mauvaise herbe; comme des milliards de micros explosions entre les synapses, fracturant la réalité alentours. Des douleurs tracent leurs sillons acides à travers tout mon corps déphasant mon lien avec le présent, avec le temps et l'espace.

Le visage du docteur se décomposa devant moi comme une pomme pourrissant en quelques secondes. Je cherchai à tirer sur mes liens, mais ne sentis aucune force, ils étaient réduits à l'état de vieilles épluchures grisâtres. Je me levai de mon siège. Les cendres dispersées autour du squelette du docteur s'envolèrent dans un courant d'air indiscernable. Entre ses métacarpes, reposant au milieu de la poussière de rouille de l'aiguille, la seringue se trouvait réduite à un tube de verre piqueté de milliards de trous minuscules comme rongée par l'acide. Une chose arachnide faisait sa toile dans un coin de l'écran plat du pc posé sur la tablette de travail. Une blessure mal cicatrisée sur ma poitrine (que je n'avais jamais remarquée), s'écartait et se resserrait alternativement suivant les battements de mon coeur faible et malade. Le carrelage fendu, brisé et retourné en de nombreux endroit du sol était couvert par du plâtre détaché du plafond, lequel dévoilait son ossature de fer rongé, ses cartilages de bois maintenus en place par un torchis granuleux comme la chair d'un lépreux.
Dans le couloir étroit percé de hautes fenêtres translucides, aux surfaces granitées ne laissant filtrer qu'un peu de lumière, un hululement étrange, lointain, peut être humain, fit vibrer un instant l'air. D'un côté du couloir, il y avait un tas contre une porte à double battant. Un amas de ce qui semblait être du linge sale. Autour de ce tas, trois formes vaguement humaines assises à même le sol fouillait dans cet amas en grognant, l'une d'entre elle en arracha un objet long et blafard comme une racine noueuse et molle. En m'approchant un peu je vis que le tas était un enchevêtrement de bras de jambe, de corps entremêlées d'un gris sale. Le tas de cadavres formait un amoncellement si haut qu'il en bloquait la porte sur laquelle il était appuyé. Les créatures proto-humaines plongeaient avidement leurs mains difformes et griffues dans la masse de chair terne et en tiraient des monceaux qu'elles apportaient à leurs bouches difformes, aux articulations disjointes, aux dents aiguisées comme des bouts de verre ébréché. Le docteur Zen me répétait souvent, comme un mantra à apprendre par coeur, à chacune de ses visites et dans les haut-parleurs installés dans ma cellule : « la condition humaine consiste à réprimer notre nature profonde, celle là même qui nous incite à nous jeter sur nos semblables et à leur briser les os pour en sucer la moelle encore chaude ». Je me dirigeai vers la porte à l'autre extrémité du couloir dont la peinture blanche écaillée révélait la pourriture grisâtre du mur. Dehors, dans la cour recouverte d'un macadam luisant d'une pluie récente, des tas de cadavres étaient assemblés un peu partout comme les tas de feuilles en automne et autour de ces tas, des créatures presque humaines festoyaient. Dans la cours, des humains allaient et venaient par groupes ou solitaires, ils baragouinaient des phrases incompréhensibles, d'autres poussaient des cris simiesques, d'autres encore courraient dans tout les sens fuyant des ennemis invisibles et peut être imaginaires. Un de ces hommes ramassait des dents brillantes sur l'humidité du sol, comme des bijoux de nacre maculés de sang. Il les comptait, dans le creux de sa main, comme on compte sa monnaie et les triait. Il les plaçait dans une de ses poches en fonction de la taille et de la forme de la dent. A côté de lui, plaqué au sol par cinq individus, un homme poussait des cris de goret tandis qu'un sixième lui arrachait les dents en enfonçant une pince épaisse en inox dans sa bouche gonflée, contusionnée et brillante, d'un rouge carmin. Un autre humain se cognait la tête contre un mur de pierres épaisses laissant sur celui-ci une trace circulaire rougeâtre à l'endroit de l'impact. Au pieds de ce mur, un homme au regard halluciné et animal grattait le sol de manière frénétique, comme un chien cherchant son os, s'arrachant les ongles et réduisant les bouts de ses doigts à une pulpe brunâtre de saletés et d'hémoglobine. Le mur de pierres épaisses et grossières ceignait la cour de sa hauteur écrasante, ne laissant presque rien voir de l'extérieur, réduisant l'horizon à une ligne de fers barbelés couronnant son sommet. Le seul élément extérieur visible était un haut et large panneau publicitaire éclairé par des petits spots : un visage de femme aux contours parfaits et équilibrés, à la peau lisse et bronzée, aux yeux verts et brillants, au sourire d'un blanc éclatant. De la base de son cou gracile de déesse jusqu'à la ligne de démarcation de ses poils pubiens, son ventre était ouvert et, autour du vide de l'abdomen, pareil à un tableau abstrait et organique, les organes étaient étalés méthodiquement de part et d'autre de ses flans, chaque parties ayant sa propre fonction dans une composition complexe, équilibrée, où les courbes harmonieuses du gros intestin associées à la masse compliquée des boyaux de l'intestin grêle faisaient le contrepoint aux surfaces lisses et humides du foie et de l'estomac. En dessous de ce tableau un slogan disait : « En vous éventrant le docteur Zen fait de vous une véritable icône de mode, pour des femmes à la forte personnalité, aux styles et à l'attitude uniques ».

lundi, octobre 23, 2006

Le ruisseau

Une petite foule était assemblée autour du corps. Un enfant accroupi le tripotait du bout d'une branche maigre et effeuillée. Un murmure faisait vibrer l'air autour de l'attroupement. Aucun danger, pourtant la foule éprouvait une certaine angoisse. L'enfant accroupi continuait de faire bouger mollement l'épaule du cadavre. Il ne savait pas. Aujourd'hui, les gens ne meurent plus excepté quelques marginaux et quand ils trouvent un clochard mort dans la rue cela créé un effet de surprise évident mêlant peur et fascination morbide. Dizzy était amoureux d'une femme d'une quarantaine d'années qui, à l'age de douze ans, était une groupie de Nirvana. Des traits poétiques dessinaient sur son visage sa jeunesse envolée et, elle portait des sandales à talons pour montrer qu'elle était encore féminine.
J'essayai de la captiver, de la toucher en plein coeur. Tout n'est pas si simple pour éviter la menace de la solitude et du désespoir. Accoudés à la fenêtre, souvent, on regarde le ruisseau qui passe au pied de l'immeuble, un petit ruisseau sauvage qui s'écoule, depuis des millénaires, juste à côté du grand quadrilatère de béton, sauvé de quelques mètres seulement des projets des urbanistes. De l'autre côté, dans la rue, la petite foule se disperse et dans l'indifférence général la police du bien-être arrête un homme dont le sourire n'est pas assez convainquant.