mercredi, janvier 24, 2007

Je suis né dans la communauté de l'acceptable

Je me souviens d'une fille, je lui dit je suis désolé le Mexique est trop loin. Elle me répond avec un air fin et intelligent que les distances ne sont pas importantes. J'acquiesce avec un sourire que j'estime ravageur. Je trouve sa réponse bête et stupide et matte ses gros seins qui pointent sous sa petite blouse de coton fleurie. L'air embaume de son shampoing parfumé à la noix de coco. La matinée touche à sa fin. La chaleur du soleil est encore supportable et agréable. Je dis que le Mexique c'est un peu la Hollande des américains... Elle me regarde de travers. Ben ouais les putes la drogue tout ça quoi. Elle s'esclaffe en posant sa main sur mes abdos fermes grâce à mes exercices physiques réguliers et mon alimentation équilibrée. Je la désire. Elle s' approche de moi, je suis un peu mal à l'aise. Ce n'est pas sa présence, ni sa chaleur. Ni son parfum patchouli écoeurant dont elle asperge son vieux gilet miteux et qui me donne limite la gerbe. Ce qui me gène c'est son amour trop sincère. Elle aime une image de moi, une représentation, un mirage acceptable pour l'alchimie bio-électrique de son cerveau. Je l'embrasse rapidement, je lui dis que j'ai des choses à faire et je m'en vais. Je ne crois pas lui avoir reparlé depuis. Je suis incapable d'aimer.

Autre jour, autre heure, autre moment (autre vie peut être) :
50 video-clips et cinq chansons en boucles comme explication du cosmos. Je crois que c'est à peu près tout ce que peut contenir son petit cerveau. Je lui demande si elle connaît le Lied. Elle me dit non, elle va faire ses courses chez Aldi Elle a quand même un atout : Son petit cul moulé dans un mini-short latex vert pomme. A la radio, ils passent Macumba de Jean-Pierre Mader. Elle me dit que c'est son chanteur préféré, qu'elle l'adore que ses chansons son trop belles.


L'ordinateur dit au fonctionnaire que je ne suis pas solvable et lui donne les mesures nécessaires qu'il devra prendre. Le fonctionnaire me dit que le système n'est pas contre moi. Il me dit aussi qu'il fait son travail.

Je suis né dans la communauté de l'acceptable et de la vente par correspondance où notre imaginaire est fait de millions de publicités (je me souviens d'avoir acheté un superbe pull motifs jacquard couleur chocolat, le plus beau pull que j'ai jamais acheté). Nous ne somme plus confronté à la réalité. A peine vivant nous somme les réceptacles des flux d'information de la réalité médiatique, guère plus utiles et fonctionnels que nos télés, chaînes hi fi, graveurs De DVD. Le jour où les machines n'auront plus besoin de nous pour appuyer sur le bouton Power, nous deviendrons obsolètes. Le quotidien ne nous interpelle plus désormais que dans son extrême violence. Tout a l'heure je me suis brûlé la peau au creux du bras (là où la chair est la plus tendre) avec un mégot de cigarette. Pas pour exprimer ma souffrance. Mais plutôt pour la ressentir. La douleur venant du frottement permanent du tissus de ma chemise avec la brûlure me raccroche à la réalité, empêche mon esprit de se disperser. cet après midi là, juste après avoir vu la chute d'un corps, celui d'un homme se jetant du vingtième étage, je pris conscience de la trajectoire courte et éphémère d'une vie humaine. Je crois que c'est en voyant ce corps écrasé et encore frémissant que mon cerveau a finit par disjoncter. Je ressentais une sorte d'euphorie métaphysique, le cosmos me renvoyait à la face la stupidité de mon existence par l'entremise du suicide de cet humain lambda. J'en éprouvais une sorte d'extase mystique jouissive et terrifiante à la fois. Comme un bébé qui chie pour la première fois sans ses couches.

Dans le restaurant un homme en complet-veston gris, lunettes épaisses d'écaille noire se leve et dit d'un ton pressé : vous approchez de la fin, finissez-en !

Ils m'ont enfermé dans une pièce de quinze mètres carré, dans une sorte de cube d'acier poli reflétant à peine mon image. Mais je ne sais pas qui « ils » sont, ce que je fais là ni pourquoi. Je suis enfermé ici depuis une éternité. Sur un des murs on devine le contour d'une porte, une rainure tellement fine que l'on ne pourrait pas y passer une lame de rasoir. Je me demande ce qu'il y a derrière, je ne l'ai jamais vue ouverte. J'ai l'impression de dériver dans le vide intersidéral, loin de toute humanité, J'ai essayé de taper sur les parois mais mes coups restent muets. Des petits spots fournissent une lumière tantôt puissante et éblouissante, tantôt tamisée. Les phases artificielles de jours et de nuits se suivent selon un rythme irrégulier, elles semblent parfois durer quelques minutes ou parfois des journées entières. Le temps n'existe plus je vis au présent dans une sorte d'angoisse permanente. Là, à l'instant, une lumière éblouissante me rend presque aveugle. Les contours des mots se dessinent à peine sur le papier. Je crois qu'ils cherchent à me rendre fou. Ou à révéler ma folie ? Une cuvette d'acier me sert pour faire mes besoins et une toilette sommaire. Je suis seul, nu, avec mon odeur corporelle. Depuis des heures, j'écris car c'est le dernier acte qui me persuade d'être vivant. De temps à autre une voix surgit de nulle part et me pose des questions. Quel est votre nom ? A quoi pensez vous quand vous êtes confronté à la mort ? Avez-vous tué votre père ? Arriviez vous à faire jouir la fille de la voisine dans sa petite chambre rose bonbon ? Que faites-vous pour compenser vos pulsions de mort ? Éprouviez-vous du plaisir à brûler des mouches plantées sur une aiguille à l'age de six ans ? Arrivez-vous à déféquer sous le regard désapprobateur de votre petite amie ? Vous souvenez -vous des moqueries de vos parents découvrant vos premières masturbations ? Ca vous faisait quoi d'être un gros lard puant la sueur à l'âge de quinze ans ? Pourquoi n'avez vous pas le courage de vous suicider ? Je suis probablement l'objet d'une expérience. J'essaye de me raccrocher à mes souvenirs mais je pense que ma santé mentale s'étiole. Bientôt il ne restera plus rien de moi. De temps à autre, je m'endors et, à mon réveil une assiette de nourriture se trouve devant la porte. Des feuilles de papier et un crayon se trouvent parfois à côté de la nourriture et la voix me dit : écrivez. Ce que je fais. Je n'ai jamais vu la porte ouverte. Peut être est-ce mieux ainsi.

vendredi, janvier 12, 2007

Les BD italiennes

Je lisais des bandes dessinées italiennes conseillées par le docteur Mulholand. La meilleure : une histoire pornographique ayant pour héroïne une femme brune, aux cheveux longs, aux fesses bien rondes, aux seins bien lourds; qui considérait, de manière naïve, le sexe comme une activité plaisante, comme un acte philanthropique. La femme idéale en somme. La porte d'entrée claqua. Britney m'annonça de sa voix d'enfant de choeur mal accordée, un sourire radieux aux lèvres, qu'elle avait pris sa pilule ce matin. Elle était passée la veille au soir à la coopérative d'achat prendre quelques vivres pour le dîner, des légumes surtout, et la nouvelle pilule abortive, autorisée en automédication. J'avais un peu de mal à me concentrer sur la page où l'héroïne se faisait monter par un mutant agressif au corps à peine humanoïde recouvert de tentacules et doté d'un pénis monstrueux. Elle se débattait et il n'arrivait pas à la pénétrer. Tout le paradoxe de l'histoire reposait sur l'innocence enfantine de l'héroïne et sur son goût immodéré pour le sexe. Britney posa quelque chose sur le petit bar qui servait de séparation entre le salon et la cuisine. Elle faisait trop de bruit. Je n'arrivais pas à me concentrer. Je pensai : j'aimerai que tu fasses moins de bruit s'il te plait. Une pointe de douleur à l'estomac. Un noeud à peine désagréable, tout juste supportable. Je tentais de me focaliser sur la page pendant quelques minutes, mais la tension qui naissait en dessous du plexus solaire s'étendit au reste de mon corps jusqu'à mes doigts dont le tremblement à peine perceptible, devenait malgré tout gênant. Sa voix était trop aiguë. Elle avait un corps magnifiquement sculpté par les E.C.M.M.F. (exercices collectifs matinaux de maintien en forme), mais sa voix était vraiment trop aiguë et d'une tonalité vulgaire. En réalité cette fille était profondément vulgaire. C'était le trait dénominateur de son être : la vulgarité. Une autre porte claqua, elle était sortie du salon. Mon regard s'attarda sur un de ses posters (dont elle décorait tout l'appart). Il s'agissait d'un poète maudit français du vingtième siècle, un certain Jim Morrison. Mort jeune, sa qualité première sûrement. Un auteur obscur que tout les amis de Britney citaient comme le plus grand poète de son temps. Peut être. Mais qui s'interroge aujourd'hui sur la poésie du vingtième siècle ? Si l'on excepte quelques étudiants spécialisés qui se gargarisent sur des formes artistiques mortes depuis des décennies, personne. Sous le poster elle avait fait encadrer une strophe d'un de ses poèmes préféré, the celebration of the lizard :

Is everybody in?
The ceremony is about to begin.
Wake up!
You can't remember where it was.
Had this dream stopped?

Ce type avait écrit un texte (il y a quoi ? Soixante-dix ? Quatre-vingt ans ?) pour salir le mur immaculé de mon appart. Je me levai, pris le paquet de clopes posé sur le meuble holo-TV. Sur le paquet il était écrit : « fumer empêche la formation du cancer ». Je grillais une clope et ouvrit la fenêtre du salon pour m'y accouder. Le goût fade, sans saveur aucune de la cigarette s'accordait parfaitement avec la monotonie du paysage qui s'étendait sous mes yeux : un champ de tours d'habitations uniformes, dépassant d'une couche nuageuse grisâtre, qui rendait le sol invisible et au dessus de tout ça, le ciel bleu uniforme apportait une touche de couleur parfaite, angoissante, au dessus de cette uniformité urbaine. La voix de mon prof d'économie communiste résonnait encore à mes oreilles : « toute progression sociale se fait au détriment d'un autre ». J'avais bénéficié de cette progression social. Je vivais dans un appartement pour fonctionnaire de la banque mondiale humanitaire situé juste au dessus du « smog » : la couche de pollution qui cachait le ciel pour la majorité des habitants et qui servait de marqueur de votre niveau de vie. Si vous pouvez voir le ciel de votre fenêtre c'est que bénéficiez du niveau de confort moyen instauré par la ligue des droits de l'homme. La fumée sans odeur de la cigarette se dissipait dans l'air, troublant à peine le calme abstrait des immenses concrétions de bétons dont l'aspect ne laissait transparaître aucune vie, aucune présence humaine. C'était l'oeuvre titanesque, d'un sculpteur dément, posée là au milieu de nulle part. Mon regard dériva quelques instants sur les ondulations calmes, comme une respiration ensommeillée, du nuage de pollution. Là bas en dessous, ils rêvent du ciel, ils l'imaginent. C'est peut être mieux. Ma rêverie fut brève, car la voix haut perchée de Britney me ramena à la réalité. Je ne savais pas pourquoi elle avait crié, mais l'écho de sa voix résonnait encore à mes oreilles quand je me dirigeai vers l'endroit où elle se trouvait. Je pensai : qu'est ce que tu veux encore ? La douleur aigre relançait sa pulsation d'inconfort au creux de mon estomac. Je serrai les dents. Je me dirigeai vers la partie de l'appartement que l'architecte communautaire avait baptisé « confort hygiénique » et me rendis compte qu'au bout du couloir la porte menant aux W-C était grande ouverte. La porte de la salle de bain était, par contre, fermée et j'entendais le bruit de la douche. Je m'avançai et découvris sur le sol une tache rouge circulaire, sombre, sur la blancheur éclatante de la moquette. Une autre tache circulaire, plus petite celle-là, gravitait près de la première comme un satellite immobile. Il y a avait aussi des traînées rouge carmin sur le carrelage froid et terne des toilettes. La douleur s'accentuait un peu plus au creux de mon estomac. Dans la cuvettes, d'autres traînées sanglantes tachait la porcelaine blanche jusqu'à la lunette en plastique (qu'il faut toujours rabaisser). Des caillots de sang coagulés constellaient la composition absurde de ce tableau sanguinolent que l'on aurait pu intituler : « La fausse couche chimique de Britney ». La douleur martela encore un peu plus mon estomac en pensant que j'allais devoir nettoyer tout ce bazar. Des caillots de sang glissaient vers l'eau rougie au creux de la cuvette. De différentes épaisseurs, de différentes textures, plus ou moins adhésifs, certain entamaient à peine leur lente descente, d'autres restaient immobiles collés à la parois, attendant le jaillissement purificateur de la chasse d'eau. D'autres encore flottaient ou dérivaient sur l'eau assombrie formant des îlots improbables s'agglomérant aléatoirement, se désagrégeant lentement épaississant un peu plus l'eau rougeâtre. Je ne le voyais pas mais l'un de « ses » caillots contenait le fruit de l'alliance de nos gonades. Un embryon de quelques millimètres qui ressemblait plus à une larve qu'à autre chose. Je me demandai si cette « chose » ressentait le changement d'environnement qui lui était imposé : qu'elle allait finir sa courte vie de cinq semaine dans la cuvette des chiottes. J'appuyai sur le bouton de la chasse d'eau. Je n'avais pas envie de voir cette « chose ». A cinq semaine, ils mesurent sept millimètres, donc visibles à l'oeil nu. Des morceaux de tissus d'utérus rougeâtres et filandreux volèrent dans le tourbillons de la chasse d'eau comme des algues emportées par la marée; ne voulant pas regarder pour ne pas apercevoir « la chose », mais les yeux ne pouvant se détacher des morceaux aspirés dans un bruit de succion par la bouche de la cuvette. J'appuyai une nouvelle fois sur le bouton de la chasse pour faire disparaître les dernières traces. Dans la salle de bain, le bruit de la douche avait cessé. J'entendis un bruit. Comme le geignement d'une bête, celui d'un chiot plaintif. Peut être Britney qui pleurait ou qui ricanait. Je n'en étais pas sûr. Comme des hoquets ridicules. Je regardai la porte, puis la poignée. Elle devait ricaner, ça lui ressemblait bien plus. Je me détournai de la porte et de sa poignée en plastique blanc et me dirigeai vers le salon avec l'envie de m'en griller une pour faire passer mes aigreurs d'estomac et reprendre ma BD là où je l'avais laissée.

samedi, décembre 16, 2006

La parade (4)

J'étais assis au «dog bar» un café du coin de la rue. Caché derrière ses lunettes d'aviateur, me renvoyant ma propre image, Jim me dit : Tu remarqueras que le mot eye peut se lire dans les deux sens. J'acquiesçai, lentement, comme dans un film défilant au ralenti. Dehors la nuit tombait ou plutôt la lumière déclinait. On était en début d'après midi, le jour était en train de mourir et j'étais le seul à m'en rendre compte. La serveuse s'approcha et me demanda si je voulais encore du café. Je répondis non. Pourtant, elle fit mine de verser et, le contenu de ma tasse remonta vers le bec de sa cafetière pour s'agglomérer au liquide noir collé au fond du récipient. La serveuse s'éloigna en souriant, ses lèvres remuèrent de manière saccadée et vibrante comme soumises à un champ électrique puissant. Une voix hurlante de haut dignitaire nazi sortait d'un viel appareil radio : « Tous les adolescents sont des fascistes en puissance ! Ils éprouvent le besoin de se soumettre au culte de la personnalité. Les rock stars, les stars du rap, les stars du cinéma ont été inventés par le système pour canaliser cet élan fasciste. Le prochain dictateur européen aura l'allure et l'attitude d'une rockstar !» Derrière le double vitrage, la foule rugissait au passage de la parade, au loin, des collines mouvantes, sinueuses et écailleuses, cachaient le soleil tandis que j'explorais mon propre drame (tu te souviens quand papa disait : je suis incapable de viser le coeur) et que les soeurs défilaient nues, la chair remuant sous leurs gestes désarticulés et obscènes de possédées. De l'autre côté de la rue, près d'une ruelle encombrée d'ordures, un chien rongeait un os étonnamment long et, trônant sur une poubelle, un crâne contemplait le vide, avec sérénité, de ses orbites creuses. Au milieu de son front blanc comme de la craie, un trou circulaire pouvait laisser supposer de sa mort. La foule stagnait dans l'artère principale, près des maisons alignées, copies conformes d'un modèle unique élaboré, conçu, modélisé, loin, dans un bureau situé quelque part au 47e étage d'un building renfermant des centaines d'autres bureaux où sont conçus des milliers d'autres projets de modèles qui seront également copiés, définissant les contours de notre confort, réduisant les méandres des circonvolutions de l'esprit humain et le labyrinthe complexe et infini de l'univers à une série de lignes droites et de courbes rassurantes. Un poivrot se leva, tituba entre les banquettes et le zinc. Un commis voyageur, aux épaisses lunettes d'écaille noire se moucha bruyamment, sa valise attendant sagement près de ses souliers comme un animal de compagnie bien dressé. Un enfant fit tomber sa glace sur le lino gris. Un homme coupa son steak saignant d'un geste chirurgical. Une vieille dame permanentée engouffra le dernier quart de sa tarte au citron. Un camionneur but la dernière gorgée de son café. Une serveuse frotta la table après le départ du voyageur. Le carillon sonna. La porte claqua. Je... Je crois que l'univers s'effondre. Ha ? Et ça te fait quoi ? Jim mâchait bruyamment son chewing-gum comme un enfant effronté ou comme une caricature ratée de prostituée. Et comme pour accentuer cette vulgarité, il ajouta : « je crois que cette fille veut décoller sur ma rampe de lancement ». Il regardait la fille qui frottait avec ardeur, penchée sur la table, le revêtement de plastique usé dans un mouvement pornographique. Totalement absorbé par sa tâche, elle libérait, inconsciente, la teneur explicitement sexuelle et masturbatoire de ses gestes, ses seins vibrants, pressés sous sa blouse rose pale. Dehors la parade continuait sa marche aux sons d'une musique grotesque, aux accords dissonants. Sur des chars, des vieillardes édentées se faisaient prendre par des babouins, jouissant sous les vivats de la foule. Des hommes se paluchaient ostensiblement, arrosant les visages des vieilles lubriques d'une offrande translucide et joyeuse. « Nous sommes victime d'une panne d'électricité de l'histoire ». Une gamine blonde tournait autour d'un réverbère, la main collée au métal froid, indifférente au spectacle de la rue. Un moine à la robe de bure usée, à la tonsure bien rasée, jouait du saxophone, son étui ouvert à ses pieds. Il jouait un air de Chet Becker, Tangerine il me semble. Un homme rassemblait mollement les feuilles mortes de l'automne de son râteau rouillé. Elles s'amoncelaient en un tas dans le coin d'une cours aux vieux pavés. Une nouvelle voix à la radio : «il n'y a pas d'histoire, seulement un amoncellement chaotiques de faits et d'actes. Mais, comme l'esprit humain à besoin d'ordre, alors nous construisons l'Histoire dont le sens tend à répondre de manière rassurante à la question : Pourquoi ?». Jim mâchonnait toujours son chewing-gum de manière nonchalante : «J'ai déjà vu des milliers de feuilles mortes dans une station de métro, tu crois que c'est possible ?». La radio éructait d'une voix suave : «Il a été retrouvé mort dans sa villa de Miami où il s'était enfermé depuis quatorze ans. Il travaillait sur un projet urbain consistant à faire vivre trente millions de personnes dans des mega-buildings. Né pendant la grande panne qui toucha près de 50 millions de personnes, il travaillait également sur un projet d'appartements chacun alimentés par sa propre micro-centrale à fusion.» Dans le reflet miroitant de la vitre, les visages des consommateurs devenaient grimaçants comme des masques mortuaires monstrueux, les reflets de ce qu'ils étaient : des morts attendant leur transfert (je suis les deux moitiés d'une même personne).

dimanche, novembre 19, 2006

Post-it

Je suis un étudiant très intelligent, toujours occupé. Mes parents ont voulu de moi que je fasse des études pour échapper à la misère prolétarienne qui mine la famille depuis au moins cinq générations. Devant leur angoisse, j'ai choisi médecine afin d'aider mon prochain : Ma thèse porte sur la putréfaction des membres humain en milieu anaérobique (notamment la vase du fond de certains étangs). Je travaille à mi-temps chez mon oncle Mario qui est plombier, ça me permet de payer le loyer d'un petit studio dans un ancien quartier ouvrier qui tombe en ruine. J'habite un vieil immeuble de briques rouge sale, les éboueurs ne passent pas toutes les semaines et il arrive souvent que les ordures s'amassent devant la porte d'entrée, attirant les mouches en été et développant une odeur de pourriture assez forte. Comme je loge au quatrième ça ne me dérange pas vraiment. Et puis l'homme peut s'habituer à tout, même à ça. J'ai laissé un post-it sur le réfrigérateur, il est écrit dessus : « n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle ». C'est un couteau à viande (bien que je suis végétarien) de la marque Ed Gein. La lame fait 20 cm de long, elle est en céramique, matériau high-tech à base de Zircon (pierre de diamant plus dure que le métal) à l'aide duquel il a été développé des lames au tranchant exceptionnel. Les particules de Zirconium desquelles la lame des couteaux Ed Gein est façonnée sont très fines. Ces fines particules donnent à la lame sa résistance aux chocs. Elles assurent également la longévité incomparable du tranchant. Les matières premières employées sont affermies à approximativement 1500 degrés Celcius dans un four conçu spécialement pour ce matériau. Le résultat est que seuls les diamants sont supérieurs en dureté. J'ai également un couteau à désosser (lame de 16 cm) et un couteau à pain (lame de 25 cm) dont j'apprécie surtout le tranchant dentelé. Je lave toujours mon couteau à viande Ed Gein deux fois pour qu'il soit bien propre. Je contemple souvent la brillance froide et bleutée de la lame, le soir, dans la pénombre de mon appartement (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). J'ai fait connaissance avec une femme grâce a un site de rencontre sur internet. Divorcée, 32 ans, une enfant de cinq ans, passionnée de musique electro 80's genre kraftwerk,, human league, new order. On a discuté pendant un mois; ensuite poussés par nos instinct nous avons pratiqués quelques cams « hots » pour assouvir nos désirs. La webcam permet le rapprochement visuel de deux univers intimes et fatalement deux individus poussés par les mêmes pulsions finissent par les calmer par la pratique masturbatoire (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Nous devons nous voir. Au Champion du coin j'ai acheté une boite de préservatifs king size et une bouteille de champagne. A la caisse, une petite rousse mignonne passe les articles sous le faisceau rouge. J'adore les rousses, leur peau laiteuse a une incomparable transparence, je regarde son cou, observant le bleu velouté et palpitant des veines superficielles, puis mon regard descend vers l'échancrure de son décolleté mis en valeur par le fourreau étroit de sa blouse rose de caissière. J'apprécie la rotondité de ses seins et les taches de rousseurs qui les constellent comme des étoiles de feu dans un ciel d'une blanche concupiscence. Mon collègue Dimitri pense que le roux des cheveux est signe d'une tare génétique et selon lui, comme le gène est récessif il finira par disparaître au bout de X générations. Je lui ai dit que c'était stupide qu'il y aurait toujours 1 ou 2 % de roux (peut être parce que j'aime bien les rousses). Je lui ai expliqué que si l'on suit la Répartition d'Hardy Weinberg :

Soit p la proportion de gènes "roux" et (1-p) la proportion de gènes "bruns" (en réalité il y a 24 gènes et 131 allèles impliqués dans la pigmentation des cheveux, mais ça ne change rien à part que la démonstration est plus compliquée)

Donc :
la proportions de roux (rr)est p² (il faut deux allèles roux)
la proportion de bruns ayant un allèle roux (rR) est 2p(1-p)
la proportion de bruns n'ayant pas d'allèles roux (RR) est (1-p)²

A la génération suivante, combien obtiendra-t-on de roux ?
Si les deux parents sont rr : probabilité=1, donc ça fait (p²)²
Si rr / rR : proba=1/2, donc 2*2p(1-p)p²/2=2p^3(1-p)
Si rR / rR : proba=1/4 ==> 4p²(1-p)²/4=p²(1-p)²
Dans tous les autres cas, il n'y aura que des bruns.

Faisons le total, à la génération suivante, la fréquence des enfants roux sera :

p^4+2p^3(1-p)+p²(1-p)²=p^3+p²(1-p)= p²

après ma démonstration rationnelle et d'une vérité quasi absolue, il continua de dénier et d'affirmer que les roux disparaîtront purement et simplement avec le brassage ethnique. Je lui expliquai alors que brassage ethnique ne signifie rien, qu'il s'agit là de biologie et de vérité statistique... Le brassage des populations, implique qu'il y aura moins de roux, parce qu'au lieu d'avoir une concentration de "gènes roux " a un endroit donné, les gènes seront répartis équitablement, et donc les chances de tomber sur un couple gagnant seront plus faibles: s'il y a 200 gènes roux dans le monde et qu'ils sont tous uniquement chez 100 personnes de la population d'une île, il y a 100 roux par génération. Le jour où l'on disperse les 100 roux, les 200 gènes sont repartis sur la population globale. A chaque génération, au delà de la première où il n'y aura éventuellement aucun roux, la propension à avoir des roux sera très faible mais tout de même existante. Il n'y aura pas de disparition mais la population rousse atteindra un niveau plancher. On a discuté ainsi pendant 5 heures de la disparition éventuelle des roux
(n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Vingt trois euro quarante. Je regarde ses lèvres bouger. Je ne vois qu'elles, comme un gros plan sur un écran de cinéma. Elle rougie un peu. Je suis sûr qu'elle a interprété mon regard comme libidineux (L'abdomen d'une femme dépasse rarement quinze centimètres de profondeur). Je lui fais un petit sourire de politesse en sortant ma monnaie. Elle me fait un sourire radieux. Je passe toujours à sa caisse quand je viens faire mes courses. Je crois qu'elle a mal interprété mon sourire et savoir qu'elle ait pu éprouver une émotion à mon égard que je n'ai pas cherché à provoquer, me mets mal à l'aise. Je sens un noeud aigre se nouer dans mon estomac. Je me contenterai de la voir camper son rôle de caissière lisse, fonctionnel. Je range mes achats dans mon sac et sors dans la froideur moite de la nuit.

Chez Mary (je crois qu'elle s'appelle Mary) :

(n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle) elle parle, elle parle beaucoup. A travers ses gestes maladroits, elle laisse entrevoir son désir sexuel. Elle s'est maquillée et, malgré les quelques compliments de convenance que j'ai pu lui faire, son maquillage ne la met pas du tout en valeur. Comme beaucoup de femmes dans la trentaine, elle pense devoir cacher les quelques traces que le temps commence à laisser sur son visage. Pourtant, ces quelques traces évoquent toute la tragédie de l'existence humaine. Ce qui la rend sublime, c'est l'éphémère. Toute tentative de camouflage devient vulgaire. (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Je regarde sa mâchoire monter et descendre à chaque bouchée, actionnée par les muscles temporaux et masseters. Elle déglutie et les aliments descendent le long de l'oesophage lubrifié par la mucine et la salive mélangée au bol alimentaire. Sa mâchoire monte et descend, elle parle, je ne l'écoute pas, pourtant je réponds et souris . Pendant mon stage aux urgences, une femme est arrivé avec une mâchoire déboîtée, elle donnait l'impression de faire une grimace simiesque. La mandibule était désaxée et formait un angle aigu étrange sur le coté droit de la face, faisant songer à l'oeuvre vivante d'un artiste cubiste. Allongée sur son brancard, elle essayait de dire quelque chose. Mais en lieu et place de paroles, ne pouvant articuler, elle poussait des vagissements incompréhensibles comme en poussent parfois les débiles profonds et les fous. Sa langue s'agitait entre les dents à peine écartées, comme l'extrémité d'un tentacule de pieuvre. Un filet de bave un peu rouge coulait de l'ouverture informe de sa bouche pour s'étaler sur le simili cuir noir du brancard. L'entendre, m'exaspérais. Je restais là, immobile spectateur, dans la chambre spartiate éclairée par la lumière froide d'un néon. Une infirmière entra dans la chambre, m'écarta d'un mouvement d'épaule. Elle dit ça va aller, ça va aller. Elle essuya la bave précautionneusement, avec douceur, d'abord sur le visage puis sur le brancard. Les vagissements se calmèrent un peu. Elle règla la molette de l'intraveineuse. Lui tint un peu la main et la tapota avec douceur. Ca va aller, ça va aller. Cette irruption soudaine d'empathie et de compassion dans ce milieu aseptisé, me mit mal à l'aise. Une sueur acre refroidit alors mon visage et une torsion pleine d'aigreur bileuse serra mon estomac. L'infirmière leva un regard noir vers moi, je crois qu'elle me reprochait quelque chose. Je n'arrivai pas à savoir quoi. Après visionnage des radiographies, quelques explications et un rappel du protocole, le titulaire me laissa redresser la mâchoire de la femme. Au moment où l'os se replaça dans sa jointure dans un craquement plutôt discret, j'éprouvai un plaisir, proche de l'orgasme, Une érection déforma le tissu de mon jean, heureusement cachée par ma blouse. Le même soir, dans la salle de repos j'entendais une infirmière et un médecin discuter de leur métier et de la notion de charité chrétienne. De l'aspect nécessairement humain de leur métier. Je n'étais pas d'accord. Nous ne devenons pas médecin par charité et amour de notre prochain, en lieu et place quelque part dans la partie la plus sombre de nos esprits gît l'illusion de pouvoir maîtriser la mort, de pouvoir la vaincre. Notre rôle n'est pas différent des embaumeurs de l'Égypte ancienne qui glissaient des amulettes entre les bandelettes des momies pour transcender la mort. La bouche de Mary ou de je ne sais plus qui continue son action mécanique de mastication (n'oublie pas le couteau dans le lave-vaisselle). Elle déblatère des choses sur sa fille comme quoi elle l'aime qu'elle grandit trop vite que l'année prochaine elle sera au CP, que ce n'est pas évident de concilier sa vie de mère et de femme moderne etc... J'aimerais bien lui déboîter la mâchoire. Par exemple me placer derrière elle, l'enlacer, lui caresser le visage afin qu'elle soit en confiance et totalement détendue et...

Je me réveille dans un lit étranger. La lumière filtre entre les lamelles de la persienne, je ne sais pas où je suis. Mon dos nu repose sur des draps trempés (et visqueux ???) comme parfois en été. Mon bras gauche déborde du lit. Je tiens quelque chose dans ma main. Je rapproche ma main de mon champ de vision et contemple mon couteau Ed Gein au milieu de mon poing ensanglanté. Je regarde mon corps, je suis couvert de sang. Je bouge un peu ma main droite et touche ce qui semble être de la chair froide, sans vie. Je regarde dans cette direction et contemple le corps d'une femme à peine reconnaissable (j'ai l'impression d'avoir déjà vécu cette scène) :

Le corps est allongé, la tête tournée dans ma direction. Le bras gauche se trouve le long du corps, l'avant bras replié à angle droit repose en travers du creux de l'abdomen, les doigts serrés. Le bras droit, quelque peu détaché du corps, se trouve sur le matelas. Les jambes sont largement écartées. Toute la surface extérieure de l'abdomen et des cuisses semble avoir été arrachée, laissant voir la blancheur du fémur. Alors que les viscères ont été retirées de la cavité abdominale, les seins sont coupés à leurs bases, les bras mutilés de nombreuses entailles irrégulières. Le visage totalement méconnaissable semble avoir été pelé comme une orange laissant apparaître le crane en de nombreux endroits. Le cou a été tranché jusqu'à l'os. Les viscères ont été éparpillées un peu partout : l'utérus, les reins et un sein se trouvent sous la tête, formant une sorte d'oreiller grotesque et dégoulinant de sang; l'autre sein, près du pied droit; le foie, entre les pieds; les intestins, à la droite du corps, la rate à la gauche; des lambeaux de chair de l'abdomen et des cuisses ont été empilés sur la table de nuit.

Tout ceci n'est pas réel, je... je dois être au beau milieu d'un rêve. Pas un son ne vient troubler le calme de la pièce. Derrière les persiennes, le monde semble absent, je me demande si je suis encore vivant.

lundi, novembre 13, 2006

La parade (3)

chez mes parents on vivait dans une grande maison bourgeoise toute délabrée, tellement froide en hiver qu'on devait mettre des gants et des cache-nez ce qui n'était vraiment pas pratique pour mon père saxophoniste et ma mère chanteuse de rue. Les jours d'averse , la pluie battait le rythme dans de grandes bassines que l'on disposait sous les béances du toit. Pour me réchauffer mon père me disait de battre le rythme en claquant des doigts. Ce que je faisais. On avait une grande chaudière à charbon en fonte peinte en rouge tapie dans la cave mais les murs était tellement peu épais et les fenêtres tellement disjointes que les jours de tempête on pouvait faire planer un cerf-volant sous le grand plafond du salon. On grimpait sur le toit par un trou où l'on avait installé un divan pour regarder les étoiles. Derrière la maison on avait pour jardin un terrain vague rempli d'orties et d'herbes folles, habité par un chat savant qui avait pour habitude d'observer les moindres faits et gestes des humains avec une attitude détachée et suffisante. Au bout du terrain vague vivait un couple de hippies dans un viel autocar wolkswagen rouillé aux roues enfoncées dans la terre depuis des siècles. Ils sentaient le moisi et la chèvre et attendaient la fin du monde ou un truc comme ça , je crois. En tout cas ils passaient leurs temps, hébétés, dans un grand nuage de fumée acre et soporifique. J'étais ami avec une de leurs filles. Lucy. Elle boitait ou plutôt elle sautillait parce qu'elle avait une jambe plus courte que l'autre. Quand je lui demandai pourquoi elle ne se soignait pas, elle me disait : c'était à cause du grand capitaliste. Enfin c'est ce que disait ses parents. Je savais pas qui était le grand capitaliste. Probablement une sorte de croquemitaine ou une espèce d'ogre, ça devait être pour ça que ses parents vivaient dans un autocar, a cause du grand capitaliste. Elle venait souvent à la maison pour écouter mes parents et leurs amis jouer de la musique. Elle préférait les soirs de panne de courant, à cause des bougies. On avait l'impression d'être dans une grotte aux fées et les soirs d'été tout les gens du quartier venaient écouter les jams accoudés aux grands fenêtres, la clope au bec, la binouse à la main, même le chat aussi était là écoutant d'un air détaché quasi blasé, se léchant une patte les yeux mis-clos. Un jour d'été, mes parents sont partis en tournée. Enfin une sorte de tournée, ils appelaient ça : la cavale. Je les ai attendu. Longtemps. Pendant ce temps, je continuai à vivre ma vie, je m'amusais à résoudre des opérations différentielles à cinquante inconnues pour passez le temps, tous les soirs je dénombrai les étoiles avec Lucy et le chat sur le divan du toit et on s'endormait là haut bercés par la douce chaleur des soirs d'étés. Puis l'hiver est venu et avec lui un homme en noir. Une sorte de grand capitaliste, mais qui s'appelait huissier d'injustice. Il a dit qu'il était là pour vider la maison. Il a dit aussi qu'il avait appelé des amis à lui et qu'ils allaient s'occuper de moi. Ses amis étaient bizarres. ils cachaient leurs corps maigres sous de longs imperméables noirs laissant saillir les angles aigus de leur ossature. Ils avaient des bras longs et leurs mains arrivaient à leurs genoux et des ongles noirs s'agitaient avidement aux bouts de doigts affreusement graciles. Leurs têtes disparaissaient dans l'ombre d'un grand chapeau noir et Il n'y avait guère que leurs longs nez de sorcières qui dépassaient dont les narines humides s'agitaient avidement comme la truffe d'un chien. Alors comme je me suis débattu, ils se sont occupé de moi. Ils avaient des bâtons. Et ils ont tapé. Ils tapaient sec. Tapé jusqu'à ce que je sente le goût poisseux du sang dans ma bouche. Après ils m'ont traîné dehors. Dehors il y avait le chat. Il avait les yeux mis clos, il était étalé dans une flaque de sang sur le trottoir. Son dos avait une forme bizarre. Comme les créneaux d'un château. Puis Ils m'ont emmené dans une grande fourgonnette noire avec une porte grillagée derrière. Il y avait déjà une dizaine d'autres enfants entassés contre la grille comme des chiens emmenés à la fourrière. Dans le terrain vague, l'autocar wolkswagen brûlait et envoyait des volutes de fumées noires qui laissaient des traînées d'encre de chine plus sombre que le ciel nocturne. Ils nous ont conduit dans une sorte de grande maison noire qui ressemblait à une usine où il été écrit sur le fronton : « Abandonne tout espoir toi qui pénètre ici ».

jeudi, novembre 02, 2006

Une petite injection

Le docteur Zen décide de me faire une petite injection. La première fois ça n'avait rien changé, le semi-bond dans le futur avait échoué. Là il a décidé d'agrémenter son cocktail acide gamma hydro butyrique/phencyclidine/chlorhydrate de kétamine/chlorhydrate de fluoxétine d'un truc de son invention. Le genre de truc qui vous dilate les veines comme un ver s'introduisant dans un trou trop étroit, rampant sous votre peau, étendant ses vrilles dans le moindre capillaire, une molécule qui vous agrippe les neurones, s'insinuant dans les axones, comme les racines d'une mauvaise herbe; comme des milliards de micros explosions entre les synapses, fracturant la réalité alentours. Des douleurs tracent leurs sillons acides à travers tout mon corps déphasant mon lien avec le présent, avec le temps et l'espace.

Le visage du docteur se décomposa devant moi comme une pomme pourrissant en quelques secondes. Je cherchai à tirer sur mes liens, mais ne sentis aucune force, ils étaient réduits à l'état de vieilles épluchures grisâtres. Je me levai de mon siège. Les cendres dispersées autour du squelette du docteur s'envolèrent dans un courant d'air indiscernable. Entre ses métacarpes, reposant au milieu de la poussière de rouille de l'aiguille, la seringue se trouvait réduite à un tube de verre piqueté de milliards de trous minuscules comme rongée par l'acide. Une chose arachnide faisait sa toile dans un coin de l'écran plat du pc posé sur la tablette de travail. Une blessure mal cicatrisée sur ma poitrine (que je n'avais jamais remarquée), s'écartait et se resserrait alternativement suivant les battements de mon coeur faible et malade. Le carrelage fendu, brisé et retourné en de nombreux endroit du sol était couvert par du plâtre détaché du plafond, lequel dévoilait son ossature de fer rongé, ses cartilages de bois maintenus en place par un torchis granuleux comme la chair d'un lépreux.
Dans le couloir étroit percé de hautes fenêtres translucides, aux surfaces granitées ne laissant filtrer qu'un peu de lumière, un hululement étrange, lointain, peut être humain, fit vibrer un instant l'air. D'un côté du couloir, il y avait un tas contre une porte à double battant. Un amas de ce qui semblait être du linge sale. Autour de ce tas, trois formes vaguement humaines assises à même le sol fouillait dans cet amas en grognant, l'une d'entre elle en arracha un objet long et blafard comme une racine noueuse et molle. En m'approchant un peu je vis que le tas était un enchevêtrement de bras de jambe, de corps entremêlées d'un gris sale. Le tas de cadavres formait un amoncellement si haut qu'il en bloquait la porte sur laquelle il était appuyé. Les créatures proto-humaines plongeaient avidement leurs mains difformes et griffues dans la masse de chair terne et en tiraient des monceaux qu'elles apportaient à leurs bouches difformes, aux articulations disjointes, aux dents aiguisées comme des bouts de verre ébréché. Le docteur Zen me répétait souvent, comme un mantra à apprendre par coeur, à chacune de ses visites et dans les haut-parleurs installés dans ma cellule : « la condition humaine consiste à réprimer notre nature profonde, celle là même qui nous incite à nous jeter sur nos semblables et à leur briser les os pour en sucer la moelle encore chaude ». Je me dirigeai vers la porte à l'autre extrémité du couloir dont la peinture blanche écaillée révélait la pourriture grisâtre du mur. Dehors, dans la cour recouverte d'un macadam luisant d'une pluie récente, des tas de cadavres étaient assemblés un peu partout comme les tas de feuilles en automne et autour de ces tas, des créatures presque humaines festoyaient. Dans la cours, des humains allaient et venaient par groupes ou solitaires, ils baragouinaient des phrases incompréhensibles, d'autres poussaient des cris simiesques, d'autres encore courraient dans tout les sens fuyant des ennemis invisibles et peut être imaginaires. Un de ces hommes ramassait des dents brillantes sur l'humidité du sol, comme des bijoux de nacre maculés de sang. Il les comptait, dans le creux de sa main, comme on compte sa monnaie et les triait. Il les plaçait dans une de ses poches en fonction de la taille et de la forme de la dent. A côté de lui, plaqué au sol par cinq individus, un homme poussait des cris de goret tandis qu'un sixième lui arrachait les dents en enfonçant une pince épaisse en inox dans sa bouche gonflée, contusionnée et brillante, d'un rouge carmin. Un autre humain se cognait la tête contre un mur de pierres épaisses laissant sur celui-ci une trace circulaire rougeâtre à l'endroit de l'impact. Au pieds de ce mur, un homme au regard halluciné et animal grattait le sol de manière frénétique, comme un chien cherchant son os, s'arrachant les ongles et réduisant les bouts de ses doigts à une pulpe brunâtre de saletés et d'hémoglobine. Le mur de pierres épaisses et grossières ceignait la cour de sa hauteur écrasante, ne laissant presque rien voir de l'extérieur, réduisant l'horizon à une ligne de fers barbelés couronnant son sommet. Le seul élément extérieur visible était un haut et large panneau publicitaire éclairé par des petits spots : un visage de femme aux contours parfaits et équilibrés, à la peau lisse et bronzée, aux yeux verts et brillants, au sourire d'un blanc éclatant. De la base de son cou gracile de déesse jusqu'à la ligne de démarcation de ses poils pubiens, son ventre était ouvert et, autour du vide de l'abdomen, pareil à un tableau abstrait et organique, les organes étaient étalés méthodiquement de part et d'autre de ses flans, chaque parties ayant sa propre fonction dans une composition complexe, équilibrée, où les courbes harmonieuses du gros intestin associées à la masse compliquée des boyaux de l'intestin grêle faisaient le contrepoint aux surfaces lisses et humides du foie et de l'estomac. En dessous de ce tableau un slogan disait : « En vous éventrant le docteur Zen fait de vous une véritable icône de mode, pour des femmes à la forte personnalité, aux styles et à l'attitude uniques ».

lundi, octobre 23, 2006

Le ruisseau

Une petite foule était assemblée autour du corps. Un enfant accroupi le tripotait du bout d'une branche maigre et effeuillée. Un murmure faisait vibrer l'air autour de l'attroupement. Aucun danger, pourtant la foule éprouvait une certaine angoisse. L'enfant accroupi continuait de faire bouger mollement l'épaule du cadavre. Il ne savait pas. Aujourd'hui, les gens ne meurent plus excepté quelques marginaux et quand ils trouvent un clochard mort dans la rue cela créé un effet de surprise évident mêlant peur et fascination morbide. Dizzy était amoureux d'une femme d'une quarantaine d'années qui, à l'age de douze ans, était une groupie de Nirvana. Des traits poétiques dessinaient sur son visage sa jeunesse envolée et, elle portait des sandales à talons pour montrer qu'elle était encore féminine.
J'essayai de la captiver, de la toucher en plein coeur. Tout n'est pas si simple pour éviter la menace de la solitude et du désespoir. Accoudés à la fenêtre, souvent, on regarde le ruisseau qui passe au pied de l'immeuble, un petit ruisseau sauvage qui s'écoule, depuis des millénaires, juste à côté du grand quadrilatère de béton, sauvé de quelques mètres seulement des projets des urbanistes. De l'autre côté, dans la rue, la petite foule se disperse et dans l'indifférence général la police du bien-être arrête un homme dont le sourire n'est pas assez convainquant.

jeudi, octobre 19, 2006

Un beau rayon de soleil

Un beau rayon de soleil clair frappa ma rétine. Je fermai les yeux. Je n'avais pas réussi à sortir du millier de labyrinthe. De nouvelles constructions d'aluminium et autres matériaux recyclés s'étendaient vers le ciel. Après les cages à lapins, ils avaient décidé de nous faire vivre dans des délires d'artistes concrétisés. Les investisseurs avaient embauché en contrat d'apprentissage des jeunes délinquants branchés pour réalisé le plus radical lifting urbain jamais vu depuis un siècle. Les habitations avaient changés de forme mais elle gardaient toujours leur fonction intrinsèque de déféquoire à pigeons. Il n'y avait plus de problèmes de chômage, les nouvelles installations crématoires tournaient à plein régime. Un double barbiturique coca coûtait dans les 5 dollars, deux fois moins que dix ans auparavant. Hier soir, je suis allé voir pour la première fois une performance artistique à la salle des fêtes municipales. Un ancien acteur porno après deux mois d'abstinence devait baiser sur scène pendant deux heures une vierge de 15 ans sans éjaculer. D'ailleurs à la fin, derrières leurs masques furtifs des gens applaudirent vivement l'acte héroïque. A la radio une pub me prodiguait ses conseils : Alcalinisez-vous ! Ne soyez plus radioactif ! Des rires résonnèrent derrière la cloison. Mon voisin, tueur en série renommé, rigolait avec sa femme à gorge déployée, ils repassaient des bandes magnétiques des enregistrements audio de son dernier meurtre, on entendait le cri d'un enfant assourdit par l'épaisseur du mur.

lundi, octobre 16, 2006

La parade (2)

Partir. Je voulais partir vers le wilderness mais je suis parti dans les ténèbres. Celles qui avalent le monde morceaux par morceaux. Emiettant chaque chose molécule après molécule. Comme il ne restait que dix minutes avant la destruction finale des espaces sauvages, j'ai décidé de conserver dix grammes de désert californien dans une petite fiole de cristal. Dix grammes de vieux désert dans une petite fiole bleu comme le ciel, c'était largement suffisant pour se souvenir. Ensuite j'ai pris à gauche, en direction de l'est, le soleil se levait me tracant la route d'or des rois, pour passer de l'autre côté par la petite porte en chêne. Hier j'avais 10 ans. Je me souviens du vieux poivrot qui traînait sur le banc à la peinture blanche écaillée du parc municipal, il avait fait l'Indochine, il gueulait ses histoires (je ne l'ai jamais entendu parler normalement) aux gamins de sa voix à l'odeur de vinasse aigre, comme quoi qu'il avait eu une panthère apprivoisé, dix femmes et toutes les putains d'Hanoï ! Il disait toujours : dans la légion ! Dans la légion ! Nous on pensait que c'était un capitaine corsaire et que la Légion était son bateau. D'ailleurs il avait une jambe de bois. Il nous disait qu'il avait perdu sa jambe alors qu'il chassait le Niakoué à la machette. On pensait que le Niakoué était une sorte d'animal sauvage, nous on savait pas. On savait pas. Ce jour là un scolopendre long comme son bras lui grimpa le long de sa jambe. Il disait que sa jambe était devenu rouge bleu et avait triplé de volume. Les médecins ont fait des tas d'incisions et ils ont retiré des litres et des litres de pus, des dizaines de seaux remplis à ras bord. Il fallait amputer. Ils lui ont donné un coup sec sur la tête pour qu'il dorme et quand il s'est réveillé, son lit était rouge de sang et sa jambe reposait à côté dans un bac. Un niakoué (apprivoisé comme il disait) était en train de découper au hachoir la jambe en morceau avec la précision que l'on doit à la ferveur du travail bien fait. Le Capitaine demanda : tu va en faire quoi de ma jambe face de cul mal torché (c'était bien, avec lui, on apprenait plein d'insultes) ? L'assistant vietnamien répondit dans son accent rapide, haché de boucher oriental : pour les cochons, pour les cochons, pour les cochons, pour les cochons. Puis un après midi le vieux est mort. Mais on ne s'en est pas aperçu tout de suite. Les gens continuaient à promener leurs bambins et à déambuler avec leurs clébards. Les gens n'ont pas fait attention, Il dormait comme d'habitude. Nous on courrait, on jouait au foot. Mais les gens n'ont pas fait attention aux mouches qui grouillaient sur la bouche grande ouvert et sur les yeux. Les gens continuaient à jouer à la pétanque à l'ombre des grands arbres. Nous on continuait à courir. Les pompiers sont venus et ont emmené le cadavre dans une grande bâche en plastique noire. Tout le quartier est venu voir le spectacle gratuit comme pour de vrai. Quand ils ont soulevé le corps une pluie drue d'asticots est tombée entre les lattes du banc. Le vieux a émit un énorme pet de désapprobation qui a résonné dans l'air quand les pompiers l'on plié pour le mettre dans le grand plastique noir (comme un sac poubelle mais en plus épais) , c'était les gaz de décomposition mais nous on savait pas alors on a ris. Un vieux appuyé sur sa canne se sentant concerné par la chose nous dit qu'il ne faut pas rire des morts que ça se faisait pas. Alors nous on a arrêté de rire. On a courut sur l'herbe et on a joué au foot. Les vieux disent toujours qu'on a pas connu leur époque qu'avant quand y avait pas à mangé on jetait les bébé à la rivière pour ne pas avoir une autre bouche à nourrir, on pensait qu'à manger tellement y avait rien. Après les pompiers sont partis et les gens ont recommencé à marcher, parler, s'agiter certains ne sont plus venu et d'autres les ont remplacé et le vieux banc a continué de se désagréger. Aujourd'hui il ne reste que les deux pieds et quelques morceaux de lattes pourries entre les graviers et les herbes folles. On continue à courir, on court dans les catacombes en bas tout en bas. Le serpent passe, trace sa route millénaire, son dos visible ondulant comme une mer d'écailles au dessus de la cime des toits. Nos eucharistie désormais sexuelles et morbides alimentent la grande parade, la rivière charrie des flots de nouveaux nés blafards presque amorphes. Il faut savoir nager quand le flot des évènements vous emporte ou alors vous coulez comme une pierre sans que personne ne s'en aperçoit sauf quand l'odeur de votre cadavre pourrissant finit par déranger le confort des voisins, quand le jus de votre puanteur finit par couler sous la porte et qu'il faut faire un détour pour ne pas glisser sur la flaque. Je ne sais pas combien de bébés ma mère et ma grand mère on emmené à la rivière avant ma naissance. Dix ? Vingt ? Mille ? De toute façon c'est pour ça que les hommes se sont toujours établis près des rivières. Pour se débarrasser des bébés en période de guerre ou de famines. C'est évident. Pour comprendre j'ai appris l'alphabet A B C D E F G H I J K etc... Puis les mots qui définissent toutes les choses du monde. Ensuite j'ai tout oublié pour apprendre par les sens. Quand l'univers sensible me fut connu dans son intégralité, j'ai décidé de me crever les yeux les tympans trancher la langue. C'est le moyen idéal pour voir l'esprit. L'esprit immaculé pur et originel. Puis j'ai quitté l'école car on n'y apprenait rien et je suis descendu jusqu'à la plage pour mater les seins vibrant des femmes. Courtney 16 ans, est venu a moi avec le feu du soleil avant le crépuscule dans les cheveux. On a fait des serments puis nous avons lié nos mains, nos langues nos cheveux nos corps sous la lune. A nous deux nous formions l'être androgyne d'avant la chute. Mais avant ça je montais sur les toits derrière l'orphelinat des filles et je les regardais se déshabiller derrières les fenêtres l'oeil brillant de lubricité reproduisant les rites orgiaques dionysiaques de la Grèce antique à mon petit niveau masturbatoire. Puis je suis descendu à la plage pour écrire des chansons tout en matant les seins des filles en cachant ma concupiscence derrière des lunettes noires. Le soir tombant sur la lumière rouge du soleil j'ai grimpé dans ma voiture, j'ai avalé une fameuse poignée de poison hallucinogène au goût de vomi sec et j'ai pris l'autoroute. L'asphalte ondulait comme le dos d'un reptile noir brillant j'avais du mal à garder les mains sur le volant mou comme de la guimauve. Une fois arrivé au lac primordial entouré de pins millénaires aussi froid et noirs que la nuit, j'ai posé mes vêtements sales et frustes sur un rocher et j'ai plongé dans l'eau glaciale. Je suis descendu à la recherche du fond, dans le silence et la froideur molle de l'eau. Dans ce lac vous pouvez descendre, descendre, descendre vous ne trouverez jamais le fond.

dimanche, octobre 15, 2006

La parade (1)

Dans la rue où les enfants jouent, regardent la parade passer où la pluie tombe doucement, là où les habitants étranges des collines ne viennent pas, au dessus des caves secrètes et honteuses, l'air chaud et doux des hauteurs passe le long des murs des vieilles maisons silencieuses, sur les visages juvéniles, le long des jambes gracieuses et dénudées des jeunes filles, sur le silence rugueux des antiques pierres, déformant le miroir froid de la fontaine. Les moteur explosent dans le silence lourd et serein qui reprend paresseusement sa place une fois les voitures grondantes passées. Les filles heureuses d'exhiber leurs corps désirables se pavanent. Les parents suent et économisent pour que leurs filles puissent se pavaner. Ne parle pas, ne regarde pas les autres. La parade a commencé. On s'est décidé à faire la course pour s'amuser. A de nombreux égards, par la suite on a fait que courir. Les ombres des branches pesantes témoignent gaiement du passage du vent, cours ! Cours avec moi ! Les enfants courent en rigolant mais la fin de la chanson est plus triste. Les affamés courent sur leurs membres aiguisés par la faim, courent et finissent par tomber les os brisés sous l'effort, cours avec moi ! Les enfants sous-alimentés courent les bras rougis de sang en rigolant. A l'intérieur du cadavre du président les problèmes de communications commencent à se développer et à se répandre à travers le monde comme une gangrène noire et puante. Les nouveaux projets de sociétés idylliques sont écris sur du papier toilette usagé et s'envolent au moindre coup de vent. La fille du ministre est sincèrement amoureuse d'un gauchiste looser crado qui a pour principales activités de cultiver son acné purulente, sa barbe de trois jours à la Che Gevara, et son goût pour les idéologies totalitaires périmées depuis la chute du rideau de fer. On est presque arrivés à la maison. La parade chante en français une mélodie trompeuse sur la joie de vivre et le soleil brûle, brûle, brûle; bientôt il réduira tout en poussière. Le carnaval grotesque s'ébroue, s'agite mollement, le serpent passe au loin, ses anneaux visibles entre les arbres des collines comme un fleuve d'écailles cherche à mordre sa queue, le phénix embrase le ciel, ses plumes tombent sur le sol, la forêt s'enflamme. J'ai attrapé au vol une poignée de silence. Je l'ai collée à mon oreille gauche. Mais la cacophonie hurlait ses notes violentes à mon oreille droite : un message que la prudence invite à ignorer. Pour courir plus vite j'ai arrêté la terre dans son mouvement pour atteindre le grand palais d'exil au pays de la fête foraine et des enfants de la nuit. Ne vous retirez pas encore dans vos appartements ce n'est pas encore tout à fait la fin, mes amis. Les docteurs impressionnés par son Q.I. de 250, n'ont pas su résister au désir de débattre avec lui des lois qui régissent ce monde et de ce qui arrive à la fin. Il était seulement possible de mesurer son immense culture générale qui contenait pratiquement toute les bibliothèques du monde qu'à la démesure de son arrogance juvénile. Il prétendait qu'à la table des matières du grand livre du destin tous les chapitres essentiels comportaient son nom, là où la masse anonyme des hommes n'est même pas évoquée. Cours, cours sans toucher le sol, sans voir le soleil ! Le docteur lui a tendu un stylo et lui a demandé de faire un dessin. Il a reproduit le jardin d'Eden, le Paradis, l'Enfer et la terre des hommes au milieu. Il a dessiné les seigneurs et les créatures, la chute et la vérité avant dernière. Tout ce qu'il y avait à dire sur les choses de ce monde et leur finalité. L'homme simple et honnête, quoiqu'un peu bête et borné dans ses certitudes, à la vue du dessin ouvrit la fenêtre et fit le saut de l'ange, les bras bien écartés, du haut du 83e étage du building pour aller s'écraser sept secondes plus tard, en éclaboussant les passants, sur le macadam luisant de crasse.

mercredi, octobre 04, 2006

Survie

Un soir j'ai brisé le miroir pour laisser les souvenirs les plus délirants et illusoires s'échapper. Au lycée j'ai survécu, maladif, puant, stupide, rampant dans la fange sous le joug de la sainte trinité du sexe (cul, chatte, nichons). éblouissantes les petites cochonnes se pâmaient, agitant leurs fesses joufflues à deux pas de mes dix doigts avides et tremblants d'excitation malsaine. Je rêvais et pensais constamment baise cul chatte nichons avale suceuse de glands bien épais sécrétions doigts bien profond bourrage de culs langues déliées au kilomètre salopes fesses écartées petit trou outragé défonçage au gros calibre de petits culs de salopes aux visages de déesses baiseuses jusqu'à épuisement. Une fille est venue, une invisible comme moi, elle faisait partie des sans amis, ceux qui rasent les murs pour ne pas se faire écraser par la masse des seigneurs. La fille la plus gentille mais aussi la plus laide que j'ai connue. Tout en elle faisait songer à la truie : ses fesses larges, ses mamelles pendantes, son visage grossier et boutonneux aux yeux perpétuellement ébahis et effrayés comme une bête qui va à l'abattoir. Elle voulait me donner tout son amour, la moindre parcelle de son être et moi je ne songeais qu'à me vider dans le premier cul qui me passerai sous la main. Elle me parlait Proust, Kant, Nietzsche, équations différentielles, vitesse de la lumière et moi je ne pensais qu'à la partie la plus charnue et la plus visqueuse de son être. J'en avait marre d'entendre sa logorrhée d'intello, refoulée, frustrée, alors je l'ai baisée. Sur la bouche. Mêlant nos haleines puantes d'adolescents mal lavés, crasseux, libidineux affamés de sexe. Le soir j'étais chez elle pour bosser les maths, enfin c'est ce qu'on a dit à sa mère. Sa mère nous dit bonsoir : reine du sexe, bonasse , un cul qui ne demande qu'à être bourré, des seins sublimes et bandant, chaude à faire griller toutes les petites queues d'ados boutonneux de cette terre dégueulasse. C'est à se demander comment une reine du sexe aussi bandante pouvait avoir un boudin à vomir comme fille. Elle a du l'adopter à la D.A.S.S. . Enfin on est monté on a bossé cinq minutes les exos de math et je l'ai plautée (surtout les nichons), elle sentait la sueur aigre mais je l'ai embrassé un peu partout. On est allé sur le lit (elle a mit une serviette pour pas salir). j'ai embrassé et léché son minou (comme dans les films) puant (comme les poissons morts flottants dans l'étang de mon grand père). Elle gémissait. Je voulais qu'elle me suce mais comme elle avait l'air effrayé j'ai pas osé demander alors je l'ai pénétré elle a gémit discrètement (je voulais qu'elle gémisse fort). Elle bougeait pas, elle regardait le plafond (j'ai regardé le plafond mais y avait rien) alors j'ai bouger le bassin pour la faire crier mais elle criait pas elle regardait toujours le plafond alors j'ai bougé un peu plus vite et j'ai jouit (elle regardait toujours le plafond). Elle a prit quelques kleenex sur la table de nuit, s'est essuyé la chatte (sans rien dire) et les a jeté dans la poubelle près de son bureau. Elle est partie dans la salle de bain j'ai entendu l'eau couler dans le lavabo pendant ce temps je me suis rhabillé, les jambes un peu molles. J'ai fouillé la poubelle pour garder un des kleenex taché de petites taches rouges en souvenir. Ensuite on a finit les exos, je suis parti. Les autres jours Je ne lui ai plus reparlé, éprouvant un sentiment mêlé de culpabilité et d'exaltation sadique nourris du rejet de toute ses tentatives larmoyante de dialogues. Puis sorti du bahut d'autres décors ternes, froids, artificiels se déploient devant moi : des gens exhibent leur banalité, boivent, achètent, mangent derrière des vitrines en double vitrage, des portes s'ouvrent automatiquement sur des allées nettoyées avidement par des robots que des pauvres techniciens de surfaces aux mines tombantes et inexpressives poussent dans la bonne direction. D'autres humains, de la catégorie supérieures des consommateurs, les contemplent bien contents de ne pas être des techniciens de surface, s'engorgeant dans leur petite supériorité et regardant avec fierté les enfants qu'ils ont engendré aux belles joues bien rouges et bien épaisses d'obèses gavés au glucose et aux graisse hydrogénées, eux-même Homo occidentalis en devenir regarderont avec amours leurs enfants/araignées biomécaniques suçant des portions regénératives au jus de merde synthétique. Je marchait à la suite d'un robot nettoyeur et son assistant humain dans une odeurs de citron propre et fraîche, les gens s'écartait docilement devant la grosse machine cubique en métal brillant dont les fanons léchaient avec avidité la surface crasseuse de l'allée centrale de l'hypermarché. Aujourd'hui les héros sont les techniciens de surface et les éboueurs qui racle les cuvettes des chiottes et nettoient le monde de la merde de la race des seigneurs, sans eux nous étoufferions, étranglés par notre propre pourriture, noyés dans notre propre pisse. Je regardai le sol fasciné par la brillance du carrelage couleur crème après le passage de la machine quasi autonome. Chaque carré reflétait la lumière parfaite des néons avec ses variations propre et tout les gens autour s'écartaient sans réfléchir, instinctivement comme une vague humaine décérébrée fendue en deux par un robot nettoyeur voguant sur une mer de carrelage crasseux. Je cherchai un lieu survivant. Hors du monde artificiel où s'engouffre avec violence l'existence prévisible de ce troupeau d'humains acéphales. Je prend mes sacs plastique , fait un signe de tête à la caissière qui me répond d'un hochement de tête lent et programmé, son oeil vide ne regardait rien. La vie n'est plus là, remplacé par un quotidien de surfaces plastifiées, agglomérées, rassurantes, lisses, fonctionnelles autogérées. De temps en temps les gens se souviennent de la vie, quelques instants, quand les catastrophes et les attentats illuminent leurs téléviseurs. L'angoisse d'insécurité, petite pulsion de mort, excite leurs cerveaux le temps de quelques pulsions électriques puis leur quotidien publicitaire automatisé les berce et les rassure à nouveau, les absorbe dans la glu douceâtre du cycle immuable de leurs journées identiques, sans surprises. Il me fallait un lieu survivant. Dehors les automobiles hurlantes foncent dans la nuit, tracent des lignes de mort que les pseudo-humains croisent de temps en temps réduisant leur vie de quelques années et leur corps à une trace rougeâtre où restent collés quelques cheveux et des fragments entres les aspérités de l'asphalte que la sciure ne parvient pas à décoller. Les mains crispés sur les poignées de mes sacs, je descend l'escalier de la bouche de métro zigzaguant entre les hommes presque morts aux mouvement ralentis, saccadés. En bas, les usagers sont calmes, alignés près des portes automatiques, le regard fixé sur le vide entre les deux quais, silencieux, attendant docilement la prochaine rame. Dans un coin près de la grille ronflante de la chaufferie, le corps recroquevillé d'un clochard gît dans le jus puant de ses vieilles nippes, une bouteille vide dans le creux de son bras étalé devant lui le long du mur et près de sa mains ouverte raidie et froide, comme un trophée, sa tête repose droite et figée.

samedi, septembre 30, 2006

Dans la nuit

C'est comme ça que je suis venu à elle. Dans la nuit. Céline, une américaine de 26 ans, née en Californie, une peau lisse sans défaut, des dents parfaites, un petit nez, des cheveux brillants comme dans les pubs l'Oréal. J'étais accro à sa sublime superficialité. Je n'avais besoin de rien d'autre, le superficiel c'est l'essence même de la beauté féminine. Mon regard fuit vers l'orient. Enfin je crois. Je trouve ça beau : vers l'orient. En réalité, je regarde les toits de la villes, mais vers l'orient ça sonne mieux. Sans bruit, j'ouvre les battants de la fenêtre, un courant d'air frais dégouline jusqu'à mes pieds. Le drap se froisse derrière moi. Dehors la nuit est calme, excepté un bruit discret et lointain d'autoroute. En bas, la rue est déserte, les voitures sont parfaitement alignées sous la lumière jaunâtre du réverbère. Près du caniveau, on devine les restes du passé pas totalement recouvertes par l'asphalte : quelques pavés foulés par des chevaux et des hommes morts bien avant ma naissance. Je prend le paquet de camels qui traîne sur le petit bureau éclairé par la lumière artificielle de la rue, grille une cigarette avec le briquet décoré d'une pin-up des années cinquante. Probablement décédée aujourd'hui. J'avale une fameuse gorgée de goudron. Je contemple l'ombre de la brosse à cheveux sur le rebord de la fenêtre, la fenêtre au cadre usé, au bois qui se désagrège, elle doit bien avoir un siècle cette fenêtre. Je ne pensais pas qu'à Paris on puisse trouver d'aussi vieilles choses authentiques, entre le béton et les tuiles. Un trouble s'agite au fond de moi. Une angoisse boueuse où je n'ai pas envie de patauger, une connerie genre nostalgie de l'enfance ou quelque chose comme ça. J'évite d'y penser. J'aurai aimé avoir un Destin style Ray Charles, avoir inventé la musique du vingtième siècle mais ce genre de truc grandiloquent ne résiste pas à l'usure du quotidien. En contemplant la masse jaunâtre et nocturne de la ville, je me dis que mourir à Hiroshima j'aurai aimé. Enfin, soyons précis, juste sous l'épicentre. Un flash, une milliseconde, sans questions existentielles de dernière minute, volatilisé tout simplement, réduit à l'état de poussière grise d'un magnifique nuage s'élevant dans la stratosphère et s'effondrant en champignon atomique; ou alors partir vers Mars, vers les colonies, « Nouvelles Frontières » jusqu'à – 40 % de réduction le vol Kourou/mont Olympe. J'aspire une nouvelle bouffée de goudron pulvérisé, plus profonde celle là, plus agréable aussi, mélangée à la fraîcheur de l'air. La vie continue. La mutation permanente de la molécule d'A.D.N., dont je ne suis que le réceptacle, percutée par les radiations se poursuit, imperceptiblement. Derrière moi, Céline bouge un peu dérangée par la fraîcheur de l'air, je jette ma clope par la fenêtre. Je me glisse entre les draps froids, je ne veux pas du contact de son corps, je ne veux pas de sa chaleur. j'aimerai être seul.

samedi, septembre 23, 2006

Au Roi des morts

J'avais réservé une table au prestigieux « Roi des morts » le restaurant le plus tendance de la ville. J'ai commandé un succulent foie de G.I.'s aux oignons confits, bien tendre, bien saignant, 20 ans à peine, de première fraîcheur, tombé le matin même à Bagdad. Elle a pris des testicules de djihadiste à la mode Al Zarkaoui, dans leur jus. En machonnant un bout caoutchouteux d'extrémiste elle me parle de ses problèmes siliconés, de ses six ans d'analyse, de son psychanalyste/gourou clone de Karl Marx croisé avec le Père Noël. Je l'écoute d'une oreille distraite, acquiesçant aux moments opportuns. Pour séduire une femme il suffit de satisfaire son petit Moi, l'ego est la première zone érogène chez la femme. Elle me parle de son mari tueur en série professionnel diplômé de la prestigieuse école Charles Manson, spécialisé en infanticide, en éventration de femmes enceintes, passionné par son job, qui ne prend plus le temps de la faire jouir par tous les orifices. Plus tard, au bureau elle me lèche l'anus en me caressant les bourses du bout des doigts, juste assez pour voir la peau se rétracter. Après avoir évalué la grande maîtrise de ses compétences je décide de la prendre comme assistante.

mardi, septembre 19, 2006

Camille For Ever 11/09/73

Un message d'un inconnu gravé sur un banc public : Camille For Ever 11/09/73. Un jeune de 17 ans, un pacifiste, vient tous les jours, inlassablement, dans le petit square ensoleillé du quartier regarder un vieux qui se contente de se dessécher en nourrissant les pigeons. Il ne ressemble à personne, à rien, c'est à dire à tout le monde; tout les jours il se contente de contempler fasciné la décrépitude du vieillard, là où on hurlait jadis notre folie enfantine. Dans la rue d'à côté la police tire à balles réelle sur la foule pour calmer les manifestants. L'enfance s'étale là sous nos yeux, arrogante et insouciante dans son éternité, jouant dans le bac a sable entre les crottes de chiens qui sèchent au soleil. Le jeune homme cache au fond de son coeur l'espoir désespéré, morbide et honteux d'assister à la mort du vieillard : simplement voir son corps tordu et usé tomber au milieu de la constellation de miettes de pain qu'il jette à ses oiseaux. Il lève les yeux et me demande anxieux combien de temps il lui reste. La lumière céleste de l'astre du jour ne fait pas disparaître cette petite angoisse mesquine et égoïste qui touche tout être humain au font de son âme. Quelque soit le décor, tout est opéra. Chacun joue son texte, sa partition au milieu du bruit et de la fureur, même si au final on oublie les seconds rôles, le rideau tombe de même pour tous.

dimanche, septembre 17, 2006

Je rase les murs

Des histoires de fantômes punk authentiquement nazes puants et merdiques
battant le rappel sortent de la partie la plus moisie de mon cerveau.
Des histoires de fantômes punk authentiquement nazes puants et merdiques
battant le rappel sortent de la partie la plus moisie de mon cerveau.
J'emmerde les punks. J'aimerai en attraper un, dans une ruelle, l'assommer et lui chier dans la gueule. Je le regarderai se réveiller et dégobiller ma merde. Je rigolerai ! Ensuite je partirai en courant parce que je suis lâche. Voir très lâche. Je rase les murs crasseux et taggés, je baisse les yeux pour ne pas croiser le regard des autres. Les autres, les morts vivants, font pareil. Enfin je sais pas puisque je regarde le sol. Je vois surtout des chaussures qui piétinent le trottoir et j'entends les échos de ces battoirs sur le macadam comme le rythme d'une musique destructurée d'artiste ultra contemporain qui ne signifie rien et que personne n'écoute et qui ne finira même pas oublié puisque personne ne le connaît ! Y a aussi les pieds dégueulasses et puants des mendiants qui m'empêchent de raser les murs. Pour me venger je fais semblant de trébucher sur leur sébiles, leur vielles boite de conserve pourrie remplie de monnaie, en réalité je shoote dedans ou alors des fois je marche sur la queue ou la patte de leurs chiens à peine plus galeux qu'eux et quand il couine de douleur je m'éloigne, j'accélère le pas, en rentrant la tête dans mon imper et en ricanant. La foule des autres, des morts vivants, finira par me dévorer si je baisse ma garde donc je rase les murs suintant de merde et de pisse, en regardant le trottoir dégueulasse et puant.

dimanche, juin 11, 2006

Mon maître que je voulais tuer, sans doute le plus connu des tueurs en série, est mort.
Il déménageait à la Los Angeles médiévale quand je lui dis :
Les abattoirs sont nos inconscients de cannibales génocidaires frustrés.
Il dit : l'enjeu du récit polyphonique de ton émancipation par toi seul,
la vengeance de l'anti-héros, construit tout le potentiel horrifique de l'affaire.
Depuis trois ans, le rythme du contrôle des marchés
pleinement assumé par le souverain résonnait dans l'articulation du réel,
et c'est une réaction en chaîne dans les insaisissables dimensions de mon cerveau.
Une créature traîne à la lumière du soleil et règne en maître sur les choses.
Après plusieurs années cette grande famille,
héritage des descendants de l'effondrement de l'empire romain,
refait toujours le même film.
Nous avons depuis très longtemps refuser ici d'aborder la question de la double identité
sous la torture urbaine, notamment à travers le monocle d'un jeune type onirique,
redoutable, qui cherche d'avantage le reflet réel du livre qu'une streap-tiseuse,
fée clochette du ghetto de la vieille Europe
et s'il flambe c'est avec le pouvoir que tout homme normal souhaite.
Tranquillement conscient, j'ai deviné la fin du monde, les pistes pour la débusquer
et constaté le postulat de ma propre perte.
Mes peintures raillent tout savoirs, mes tableaux tuent tout les contextes.
Céline vit a Paris depuis une dizaine d'années,
femme de tout juste vingt six ans, foncièrement pleine d'idéaux naïfs,
à la personnalité monolithique a-scolaire, un peu béate,
diabolisée à l'extrême elle devient le drame humain traqué contre deux packs de douze.
Très proche du monde, il suffira que celle-ci démente le bonheur de l'humanité
avec son air balourd pour que la réalité commence enfin.
Elle était pour moi représentative de l'ultime étape avant la réponse.
La demoiselle consommait depuis longtemps des tonnes d'instants,
protagoniste animatronique de l'histoire se faisant passer pour quelqu'un qui illumine
les rangées des bus et des métros,
elle me frappait dans sa manière de dormir,
chose qui n'avait été vu que par moi,
environnée seulement d'amour calmé.
Mon sommeil en sourire, je réside ici.
Une fois je me suis couché au-delà d'un forever.
L'action devait coïncider avec l'émergence du monstre guéri et incurable.
Le gamin ouvre le feu sur la classe.
Vous avez fait de moi des morceaux éparpillés devant la télé.
Comme à mon habitude je voulais la rêverie de mon destin et des seins nus.
La mort cherchait une nouvelle chasse, elle la trouva dans l'affaire des missiles,
dans les motivations au mondialisme, elle la trouva également dans l'histoire
de ce monstre mangeur d'enfant, représentatif de la véritable humanité.
J'ai pénétré la Mégalopolis de béton et y devint un autre personnage.
Nous devons aux petites histoires,
écrites comme des tubes de l'été pleines de secrets
qui brûlent tellement qu'on oserait pas y toucher,
l'abomination de nos vies de primates bipèdes.
Un constat de police va m'être fatal.
On se passera de l'infini, la vie réelle est bien antérieure à la conscience.
Aujourd'hui , croulants sous le bleu du ciel,
comment se débarrasser de la conviction d'exister ?
D'où la prolifération depuis l'antiquité des jeux vidéos.
Mais peut-on codifier l'angoisse du suicide ?
L'eau troublée de la fontaine a rendu l'âme.
Les gens de la fusée responsables de la destruction du dernier lieu de résistance
de tout le pays décollent pour accéder au Paradis.
Mon avis hors du champ des cameras :
je n'ai plus besoin de stimuli émotionnels.
Il a répliqué :
connais-tu ce qui semble lier étroitement Jim à Courtney ?
Mais j'oublie : nous nous perdons.

samedi, mai 20, 2006

Vous devenez de plus en plus décédé

Vous devenez de plus en plus décédé.
C'est absolument ce qu'aurait dit le Dr Mulholland,
une pointure des expériences génétiques,
Celui-ci introduira simultanément
une joie et une souffrance dans le cerveau palpitant
de l'homme à lunettes.
Il est dingue de jeunes femmes,
celles-ci s'amoncellent, bâillonnées,
pourrissant dans un coin de son cerveau malade.
Fait-il la même chose tout les soirs,
dans ce coin perdu d'un ailleurs qui meurt,
jusqu'au moment de l'heure fatale
de la métamorphose fondamentale ?
Regardez bien l'image mystérieuse
du roi des morts déguisé en orgueil collectif.
C'est ainsi, que sans décodeur,
l'inconnu, une malformation à la main,
prisonnier de la politique du corps,
se masturbe et éjacule plus loin que la veille.
Près d'un million de cancrelats rampent
dans ma chambre, sur les murs, dans mont lit.
Tandis que la nuit , les pâles femmes cannibales
grattent à ma porte sans grande discrétion.
Des tueurs en série convainquent
ni plus ni moins la dictature démocratique
de la nécessité de l'abatage des masses humaines.
Sa dernière crise d'amour fou
transformée en clichés hollywoodiens
était devenue le roman de son double.
Un sourire très ambigu et angoissant
s'inscrit sur son visage,
elle se masturbe
avec une statuette achetée au Japon.
Aucun érotisme dans la vision de ces lèvres humides,
juste une excitation addictive et douloureuse.
Assez !
Il s'est identifié au concept de démolition
du mâle dominant et glorieux
pendant toute la durée de son identité d'emprunt.
Une réflexion sur les murs des toilettes :
Alexandra aime les grosses bites.
Baiser ton visage Angélique fut bien pire
que de remplir toutes les autres.
L'envie de femmes continue
de me tordre les tripes 24 heures sur 24,
des call-girls posent leurs corolles
sur ma bouche avide.
Quelques chiens mangent
des excréments sur le trottoir.

Il ne semble pas se passer quelque chose.

Les monstres invisibles s'engouffrent dans la vie.

samedi, mai 13, 2006

Modus Operandi - a la recherche du mot

Modus Operandi – A la recherche du mot
Les fées aux formes généreuses, ne seront jamais des esclaves obéissantes,
elles savent, ancestrales et modernes, faire jouir par les trois orifices.
Nos âmes, croisement entre des centaines de bombe d'une utopie nazie
et de politique du café communiste se flétrissent dans un monde radioactif.

Impossible de se protéger de sa propre férocité
malgré l'état actuel des forces militaro-psychiatriques.
Le premier soir, vers minuit, je me masturbe sur les blondes décolorées,
les femmes objets, les salopes cybernétiques.
Je pouvais me branler pendant des heures, au point de me faire mal.
C'est la vie encore ! Il n'y a pas de honte !
Puis, brutalement, je voulus me placer dans la chronique faits divers
devenir une version masculine de Kâlî.
Je voulais être plus Américain qu'un Américain (même très discrètement)
encore fallut-il que mes yeux eussent la bonne couleur.

Il y a des mois, comme d'habitude,
on racontait que les artistes pousse-au-crime encourageaient
les investigations de la police traquant les tropicalités trop affichées.
Où sont les documents inédits chargés de dispenser
une anatomie, une satire de la vie ?
Sans doute pas dans les chroniques relatant la vie de mon père :
personne n'a entendu parler de lui. Sale comme un chien,
lubrique comme un porc, ivrogne écumant tout les troquets,
trafiquant d'armes sodomisant la propre fille d'Hitler et la terre entière.

J'ai convoité les seins de la femme du directeur
tellement supra-normaux que ça en fait peur
très belle mais une fois montée,
elle devient l'héroïne de l'histoire d'un vrai monstre où
son visage de terre cuite et sa bouche
s'offraient à ma jouissance.
Je comprend qu'on puisse ne pas aimer,
du moins avant la fin des contractions du pylore,
le décalage entre le super-héros à la carrure quasi-divine
et le masturbateur mal fichu qu'on éprouve
face au contenu d'une mythologie psychanalytique
nécessaire à l'existence.

Dans ma demeure, villa de 15 millions de dollars où se trouvait mon corps d'enfant,
près de la galerie du jour, jardin d'une sorte de vision mentale fractalisée,
là, où je voyais des démons et mon futur de fauve
parcourant la ville à grande vitesse dans une limousine :
Les yeux réels s'y cachaient.

Au dessus de la stratosphère, la cabine spatiale tournait encore.

En y réfléchissant, je n'avais jamais vu une ère de paix.

J'exprimai le verbe

dès lors une boule de feu incendia mon être.

Fuir. J'en avais l'intention.

lundi, mai 08, 2006

Hier

Hier un oiseau est rentré chez moi par la porte du jardin que j'avais laissé ouverte. Un merle noir brillant au bec orangé. Il a fait le tour du salon en volant et piaillant, j'ai essayé d'ouvrir la porte en grand pour qu'il puisse s'échapper mais j'ai pas eu le temps. Il s'est fracassé sur la porte vitré et il est tombé avec un bruit mat. Je l'ai pris dans mes mains, il était tout chaud. Et puis j'ai sentit sa vie partir, c'est assez étrange d'ailleurs, on sent vraiment que quelque chose s'échappe

mercredi, avril 26, 2006

face aux attentats

Face aux attentats et à la gloire perdue de jadis
même s'il existe en fait des illusions plus fertiles encore
que le sperme et communément admises,
je ne comprendrai jamais la sombre loi des morts.

A l'époque au milieu des faits divers et de la mode le monde n'existait plus.

L'horreur et le bonheur d'être humain
avait fait de moi le roi des morts.
Replonger dans les fragments de notre histoire perdue.
Sonder les archives de notre intimité maladive
et gangrenée jusqu'à l'os.

Il n'y a qu'à se souvenir.

L'aisance de ta grâce n'avait rien de marquant.
Ta beauté n'offrait pas la musique
qui rend hommage aux femmes
de la mythologie américaine.
En ton nom les poètes n'ont rien écrit,
peut être à cause de ta banalité couronnée.
L'équilibre de tes nerfs était finalement sans importance à mes yeux.
Pour te remplir, il fallait avoir un goût immodéré
pour la chair flasque de celles qui sont insipides.

il existe en fait de vains espoirs,
chacun sait recueillir et emmagasiner sa pourriture
mais personne ne sait vraiment aimer.